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DU SUBLIME

dans un autre lieu [1]. Mais la peinture, après en avoir déduit le plaisir de l’imitation, ne peut que nous toucher simplement par les images qu’elle présente ; et dans cet art même, une judicieuse obscurité répandue sur quelques parties du tableau, contribue à son effet ; parce que les images de la peinture sont exactement semblables à celles de la nature ; et, dans la nature, les images sombres, confuses, incertaines, ont plus de pouvoir sur l’imagination pour former les grandes passions, que n’en ont celles qui sont plus claires et plus déterminées. Mais où et quand cette observation peut être appliquée à la pratique, et jusqu’à quel point on doit l’étendre, c’est ce que la nature du sujet et l’occasion indiqueront mieux que toutes les règles qu’on pourrait établir.

Je sais que cette idée a trouvé des contradicteurs, et que bien des gens la rejetteront encore. Mais que l’on considère qu’une chose peut difficilement imprimer dans l’esprit toute sa grandeur, si elle ne se rapproche en quelque sorte de l’infinité ; ce qu’aucun objet ne saurait faire dès qu’on en aperçoit les bornes. Or, de voir distinctement un objet, et de découvrir

  1. Partie V.