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DU SUBLIME

la mesurer ; d’autre mesure qu’elle-même ! La véritable règle des arts est dans, le talent de l’artiste : une observation facile des productions les plus communes, quelquefois les plus méprisables de la nature, est souvent un trait de lumière que le génie saisit ; tandis que la plus pénétrante sagacité, l’industrie la plus infatigable qui dédaignera cette observation, nous laissera dans les ténèbres, ou, ce qui est pire, nous amusera et nous égarera par de fausses clartés. Dans une recherche, il ne s’agit que d’être une fois dans le bon chemin. Je suis persuadé que j’ai fort peu avancé nos connaissances par ces observations considérées en elles-mêmes ; et jamais je n’eusse pris la peine de les mettre en ordre, encore moins aurais-je hasardé de les publier, si je n’étais convaincu que rien ne tend plus à la corruption des sciences, que de les laisser dans la stagnation. Ce sont des eaux qui n’ont de vertus qu’après avoir été troublées. Un homme qui pénètre au-delà de la surface des choses, peut s’égarer, mais il indique et fraie un chemin aux autres, et ses erreurs mêmes peuvent être utiles à la cause de la vérité. Dans les parties suivantes, je rechercherai quelles sont les choses qui causent en nous les affections du sublime et