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ET DU BEAU.

sible de prévenir qu’il n’ait quelque influence sur la pratique, il mérite certainement que nous prenions quelques peines pour qu’il soit juste, et fondé sur la base d’une expérience confirmée. On aurait pu espérer que, dans ces recherches, les artistes mêmes seraient les guides les plus sûrs ; mais les artistes ont été trop occupés de la pratique : les philosophes ont fait peu de chose, et ce qu’ils ont fait, ils l’ont rapporté à leurs plans et à leurs systèmes : pour ceux qu’on appelle critiques, ils ont cherché la règle des arts là où elle ne pouvait pas se trouver ; ils l’ont cherchée dans les poèmes, dans les tableaux, dans les gravures, dans les statues, dans les édifices : mais l’art ne peut jamais donner les règles qui constituent un art. C’est pour cette raison, du moins je la pense, que les artistes en général, et les poètes en particulier, ont été enchaînés dans un cercle si étroit : ils ont été les imitateurs les uns des autres plutôt que les imitateurs de la nature ; et cela avec une uniformité si fidèle, et jusque dans une antiquité si reculée, qu’il est difficile de dire qui donna le premier modèle. Les critiques les suivent, ils ne peuvent donc pas servir de guides. Le pauvre jugement que je dois porter d’une chose, quand je n’ai, pour