Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
DU SUBLIME

leurs opérations, et que nous pénétrions dans les parties de notre nature les plus secrètes, et qui pourraient même paraître inaccessibles.

Quod latet arcanâ non enarrabile fibrâ.

Un homme peut quelquefois, sans toutes ces recherches, se convaincre lui-même de la vérité de son ouvrage, encore même d’une manière confuse ; mais il ne pourra jamais se faire une règle certaine et déterminée de procéder ; bien moins lui sera-t-il possible de rendre aux yeux des autres ses propositions assez évidentes. Les poètes, les orateurs, les peintres, et ceux qui cultivent quelque branche des arts libéraux, sans le secours de cette connaissance critique, ont très-bien réussi dans leurs genres divers, et réussiront ; comme parmi les ouvriers il y en a qui font et même inventent des machines sans aucune notion exacte des principes aux quels ils obéissent. J’avoue qu’il n’est pas rare d’errer en théorie et d’être habile en pratique ; et nous sommes heureux que cela soit ainsi. On rencontre fréquemment des hommes qui, agissant bien d’après leurs sentimens, en raisonnent fort mal en principe ; mais comme il est impossible de ne pas essayer un raisonnement si important, et pareillement impos-