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ET DU BEAU.

l’admiration, que la contemplation des œuvres de la sagesse infinie peut seule fournir à une ame raisonnable ; tandis que lui rapportant tout ce que nous trouvons de bien, de bon, de beau en nous-mêmes ; découvrant sa force et sa sagesse jusque dans notre faiblesse et notre imperfection, les honorant quand nous les apercevons avec clarté, adorant leur profondeur quand notre esprit y demeure confondu, nous pouvons être curieux sans audace, et élevés sans orgeuil ; nous pouvons être admis, s’il m’est « permis de m’exprimer ainsi, au conseil du Tout-Puissant par la considération de ses œuvres. Le but principal de nos études doit être l’élévation de l’ame ; si elles ne l’atteignent pas, leur utilité est de bien peu de chose. Mais indépendamment de ce grand dessein, un examen de la raison physique de nos passions me semble très-nécessaire pour tous ceux qui veulent les émouvoir d’après des principes sûrs et constans. Il ne suffit pas de les connaître en général : pour les émouvoir d’une manière délicate, ou pour bien juger d’un ouvrage destiné à les émouvoir, il est indispensable que nous connaissions les bornes exactes de leurs différens domaines ; que nous les poursuivions à travers toute la variété de