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ET DU BEAU.

devons attribuer le pouvoir des arts à l’imitation, ou au plaisir que nous procure simplement l’habileté de l’imitateur ; et ceux où nous devons le rapporter à la sympathie ou à quelqu’autre cause analogue. Quand l’objet représenté par la poésie ou par la peinture ne nous inspire aucun désir de le voir dans sa réalité, on peut être assuré que son pouvoir en poésie ou en peinture n’est dû qu’au pouvoir de l’imitation, et non à aucune cause qui agisse, dans l’objet même. C’est ce qui a lieu dans la plupart des tableaux de la vie commune. Dans ces ouvrages, une cabane, un tas de fumier, des ustensiles de cuisine les plus petits et les plus communs, sont capables de nous donner du plaisir. Mais lorsque l’objet décrit dans un poème ou peint dans un tableau est tel que nous sentons du regret de ne pas le voir en réalité, quelqu’étrange que soit la sensation qu’il nous cause, il n’est pas douteux que le pouvoir du poème ou du tableau provient plutôt des qualités naturelles de l’objet représenté, que des effets de l’imitation, fût-elle parfaite. Aristote, dans ses poétiques, a parlé avec tant d’étendue et de justesse sur la force de l’imitation, qu’il serait superflu de pousser ce discours plus loin.