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DU SUBLIME

font ; par conséquent nous avons un plaisir en imitant, et en tout ce qui appartient à l’imitation, considérée purement en elle-même, sans aucune intervention de la faculté raisonnable, mais seulement d’après notre constitution naturelle, que la providence a formée de manière à ce que nous trouvions soit plaisir soit délice, selon la nature de l’objet, dans tout ce qui concerne les desseins de notre existence. C’est par l’imitation que nous nous instruisons de toutes choses bien mieux que par le précepte ; et les acquisitions que notre esprit fait par cette méthode sont non-seulement plus réelles, mais plus agréables. Par l’imitation se forment nos mœurs, nos opinions et toute notre vie. Elle est un des plus fort liens de la société : c’est une espèce de condescendance mutuelle que tous les hommes ont les uns pour les autres, qui n’en contraint aucun, et qui est extrêmement flatteuse pour tous. C’est encore dans l’imitation que la peinture et plusieurs autres arts d’agrément ont posé une des principales bases de leur pouvoir. Puis donc que par son influence sur nos mœurs et sur nos passions elle est d’une si grande importance, je hasarderai de proposer une règle pour reconnaître, avec un assez grand degré de certitude, le cas où nous