Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
ET DU BEAU.

chose, de quelque cause qu’elle procède. Mais conclure de-là que ma sécurité est, dans toutes les occasions possibles, la cause de mon délice, c’est un très-grossier sophisme. Je ne crois pas que personne puisse apercevoir dans son ame une telle cause de plaisir ; au contraire, lorsque nous ne ressentons pas de douleurs très-aigues, que notre vie n’est pas menacée d’un péril prochain, nous pouvons compâtir aux maux d’autrui, quoique nous souffrions nous-mêmes ; et souvent la sympathie nous émeut d’autant plus profondément que nous sommes attendris par l’affliction : nous voyons même avec pitié des malheurs que nous accepterions en échange des nôtres.


SECTION XVI.
De l’Imitation.

La seconde passion relative à la société, c’est l’imitation, ou, si l’on veut, un désir d’imiter, et par là un plaisir. Cette passion procède presque de la même cause que la sympathie ; car, comme la sympathie nous fait prendre intérêt à tout ce que les hommes sentent, cette affection nous porte à copier tout ce qu’ils