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DU SUBLIME


SECTION XV.
Des effets de la Tragédie.

C’est ce qui a lieu dans les infortunes réelles. Dans celles que nous présente la fiction, il n’y a de différence que le plaisir résultant des effets de l’imitation : car elle n’est jamais si parfaite que nous ne puissions pas appercevoir qu’elle n’est qu’une imitation, et sur ce principe elle nous donne une certaine satisfaction. Du moins est-il certain qu’en quelques occasions nous recevons autant ou plus de plaisir de cette source que de la chose elle-même. Mais qu’on ne se méprenne pas sur ma pensée : je suis persuadé qu’on se tromperait beaucoup en rapportant une grande part du plaisir que nous donne la tragédie à la considération que la tragédie est une imposture, et que ce qu’elle représente est dépourvu de toute réalité. Plus elle approche de cette réalité, et éloigne de nous toute idée de fiction, plus son pouvoir est parfait. Mais de quelque genre que soit ce pouvoir, il n’atteindra jamais l’effet que produirait dans la réalité l’action imitée. Qu’on choisisse un jour pour représenter la plus sublime et la plus touchante de nos tragédies ; que les rôles