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DU SUBLIME

comme eux à une vie isolée, il convient que quelque chose puisse déterminer sa préférence et fixer son choix, et que ce soit en général quelque qualité sensible, puisqu’il n’en est point d’autre capable de produire un effet si prompt, si puissant, si inévitable. L’objet de cette passion mixte, qu’on appelle amour, est donc la beauté du sexe. Les hommes sont portés vers le sexe en général, parce que c’est le sexe, et par la loi commune de la nature ; mais ils sont attachés en particulier par la beauté personnelle. Je dis que la beauté est une qualité sociale : car lorsque des hommes et des femmes, et non-seulement eux, mais encore d’autres animaux, nous causent par leur présence une sensation de plaisir, (et il y en a beaucoup qui produisent cet effet) ils nous inspirent des sentimens de tendresse et d’affection pour leurs personnes ; nous aimons à les rapprocher de nous, nous entrons volontiers dans une sorte d’intimité avec eux, à moins que de fortes raisons ne nous obligent d’agir différemment. Mais de découvrir la fin pour laquelle cela se passe ainsi, c’est ce qui m’est impossible ; car je ne vois pas de raison pour que l’homme entre plutôt en liaison avec divers animaux formés d’une manière si séduisante, qu’avec