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STYLE GOTHIQUE. — GIOTTO.

(transept droit) : l’œuvre pourtant a dans des repeints perdu presque tout son caractère.



La première grande époque de le peinture italienne, parallèle à l’histoire générale du gothique, et qu’ici de même nous allons designer du nom de style gothique, a sur la peinture du Nord un grand avantage : c’est qu’elle n’est pas une simple servante de l’architecture, c’est qu’elle a une vie indépendante, et qu’elle trouve à sa disposition des surfaces murales que le Nord, au moins dans les églises principales, ne lui eût pas accordées, et dont cependant elle a essentiellement besoin. C’est la peinture qui a attiré à elle, comme une vocation, le plus grand génie du siècle, Giotto. Le rang que la peinture occupait au xiiie siècle vis-à-vis des autres arts est par lui élevé très haut. La prédilection pour la peinture monumentale et cyclique à la fresque lui est due ainsi qu’à son école, et c’est ce qui, dans la suite des temps, a comme préparé le terrain sans lequel Raphaël même et Michel-Ange n’eussent pas accompli les œuvres où s’est surtout révélée leur grandeur.

Giotto a vécu de 1267 (?) à 1337. Parmi ses élèves les plus importants et ses successeurs immédiats, des Florentins pour la plupart, il faut citer : Taddeo Gaudi († 1366) ; Giotto di Maestro Stefano, dit Giottino, et Maso di Banco (Vasari a cru par erreur que ces deux derniers ne faisaient qu’un seul et même artiste) ; Giovanni da Milano, Andrea di Cione, dit Orcagna (né en 1308 (?) † 1368) ; son frère Lionardo (dit par abréviation Nardo, † 1365) ; Agnolo Gaddi († 1396) ; Antonio Veneziano, Francesco da Volterra (occupés tous deux au Campo Santo de Pise dans les dernières années du xive siècle) ; Spinello Aretino († 1410), Niccolò di Pietro, etc.


Dans un catalogue succinct des meilleures œuvres de Giotto et de ses successeurs florentins, que nous joignons ici en note[1], nous chercherons à caractériser l’ensemble de cet art, plutôt qu’à insister sur les particularités propres à chaque maître. À part cette recherche de la brièveté, d’ailleurs, nous ne saurions guère, à vrai dire, entrer dans de grands détails

  1. Arezzo


    Dans la cathédrale [a] : une niche de la nef droite, peinte par Spinello, mais avec des repeints (le Christ en croix avec des saints}.
    Près de S. Agostino [b], dans une ancienne chapelle, sur le mur supérieur : une Madone de Spinello faisant partie d’une Annonciation.
    S. Domenico [c] : fresques très restaurées de Parri Spinello, fils du précèdent ; près de la porte, le Christ en croix, avec des saints et deux apôtres. Les deux tableaux sont entourés de martyres en petites figures.
    Cour extérieure du couvent de S. Bernardo [d] : Scènes de la vie de saint Benoît,