du XVIe siècle, apparaissent des revêtements de pilastres de ce dernier genre, d’un bon travail, du reste ; — mais ils succombent presque aussitôt, au temps de la Renaissance classique, sous une facture creuse. En somme, on n’a qu’une faible conscience de ce fait, à savoir que les supports doivent être décorés autrement que les parties qu’ils supportent. — Parmi les meilleures arabesques d’édifices, on peut, à titre d’exemple, désigner :
Les pilastres du portail de S. Zaccaria [a]. — À S. Maria de’ Miracoli [b], les merveilleuses arabesques de la balustrade, au-dessus des degrés du chœur, celles des bases des pilastres du chœur (gracieusement entourées de Sirènes et d’enfants), et celles de la tribune des chanteurs ; — la frise des clôtures du chœur ; les pilastres des portes ; le reste, tout en n’ayant qu’une médiocre valeur, concourt à une impression de richesse unique en son genre. — À la Scuola di S. Marco [c], tous les ornements, soit horizontaux, soit en archivoltes, avec leurs rinceaux merveilleux, sont excellents, ainsi que les ornements à jour (en partie restaurés) et les acrotères ; ceux des pilastres, en général, sont à peine médiocres. — Le peu qu’il y a dans le vestibule de S. Giovanni Ev. [d] est très beau. — Dans la partie postérieure du Palais des Doges (par Rizzo et Scarpagnino, v. p. 132), ce qu’il y a de mieux, ce sont les panneaux en arabesques au second étage supérieur, les piliers au-dessus de l’escalier des Géants, et aussi les pilastres des fenêtres. Parmi ces derniers, du moins, ceux qui sont du côté du canal, et qu’on peut voir de plus près dans la Sala dello Scudo et dans la Sala de’ Rilievi, sont les mieux ornementés de Venise ; l’ornementation et les figures s’y allient avec une harmonie presque parfaite. — Remarquer dans l’escalier même [e] la fine ornementation des marches, des parois latérales, et des pendentifs, véritables orfèvreries de marbre, d’une grâce unique et d’un charme qui rappelle les œuvres florentines les plus spirituelles. — À la Scuola di S. Rocco [f], l’ornementation, malgré sa richesse, est d’un mauvais style, surtout dans l’escalier. — À S. Rocco même, la porte de la façade latérale (autrefois porte centrale) rappelle la belle manière du palais d’Urbino. — À l’Académie [g] (côté ouest), une autre belle porte encastrée à l’extérieur. — À S. Michele [h] : les pilastres de la porte, les bases des pilastres du chœur. — À S. Giobbe [i], le portail, etc.
L’encadrement de marbre du chœur des Frari [j] (1475), avec son feuillage épais, est intéressant au point de vue historique, comme une des œuvres, sinon de la Renaissance tout à fait primitive, au moins de la première période.
Dans la décoration et l’invention de monuments isolés, le premier, le seul artiste qui, pour la « vaga ed amorosa fantasia », puisse être comparé aux Florentins, est assurément Alessandro Leopardo. Son piédestal [k] de la statue équestre du célèbre Colleoni, près de S. Giovanni e Paolo, daté de 1495, est composé avec un tact admirable : léger et svelte, avec six colonnes adossées, la frise et la plinthe d’une belle ornementation, il