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PREMIÈRE RENAISSANCE.

église à colonnes, avec plafond, sans rangée de chapelles ni jour d’en bas, et, par suite, d’un bel effet. (La façade principale est restaurée, celle du transept est originale et semblable à la façade de S. Benedetto. Les nefs latérales ont des voûtes d’arête.) — Enfin S. Andrea [a], avec une façade encore gothique de 1438 ; à l’intérieur, c’est une église à piliers, avec plafond au-dessus d’un mur supérieur peu élevé ; les nefs latérales ont des voûtes d’arête ; les rangées de chapelles reçoivent le jour de côté, chacune par deux fenêtres ; le tout d’environ 1500. — À S. Giorgio [b], il ne s’est guère conservé de cette époque que la tour penchée en briques (1485, par Biagio Rossetti).

S. Spirito [c] fut fondé, en 1519, en forme de croix grecque avec chapelles dans les angles ; nombre de vicissitudes diverses l’ont singulièrement altéré. — À la fin du XVIe siècle encore, Alberto Schiatti construisit dans cette même forme la simple et jolie petite église de la Madonnina [d] (non loin de la Porta Romana.)

Parmi les cloîtres, celui de la Chartreuse [e] (actuellement Camposanto) était inaccessible lors de la visite de l’auteur ; — à côté de S. Benedetto il s’en trouve trois qui, offrant des perspectives, produisent un très bel effet d’ensemble ; l’un d’eux est sur piliers, les autres sur colonnes ; — un cloître semblable, à S. Maria in Vado [f].

Parmi les édifices profanes de ce style, il ne s’est pas conservé à Ferrare autant d’œuvres considérables que l’on serait en droit de s’y attendre. Les plus belles constructions des ducs de la maison d’Este ont disparu ; leur château fort est sans pareil pour l’aspect pittoresque et imposant, mais il ne saurait être considéré comme palais. Parmi les autres édifices princiers, le Pal. Comunale [g] actuel offre des restes intéressants, mais rien qui compose un ensemble, à l’exception de l’arsenal ducal ajouté sur le derrière du palais, et qui est, à l’extérieur, une construction de briques tout unie avec pilastres, et, à l’intérieur, une basilique en règle, mais sans tribune. — La galerie commencée à l’extérieur au rez-de-chaussée du palais, du côté du château fort, est une œuvre postérieure de Galeazzo Alessi (voy. plus loin), qui fut assez longtemps au service d’Alphonse II. — Le Pal. Schifanoja [h], achevé par le duc Borso, à partir de 1470, n’a pas grande importance comme architecture, sauf le beau portail avec armoiries. — L’œuvre la plus considérable est encore le Pal. de’ Diamanti [i] (Ateneo actuel avec le musée de la ville), commencé en 1493 pour Sigismond d’Este ; il fut, dans la première moitié du XVIe siècle, orné d’un revêtement facetté, de pilastres sculptés et de fenêtres d’un beau style ; il fut enfin achevé pour le cardinal Luigi d’Este par la pose de la corniche en 1567. Les belles proportions de l’ensemble n’ont d’autre défaut qu’un manque d’harmonie entre la délicatesse des pilastres et la vigueur voulue des bossages. — Le dernier édifice décoratif de la maison d’Este appartient déjà au style classique et trahit l’influence du Palazzo del Te à Mantoue ; c’est la Palaz-