Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
A. DA SANGALLO.

est, pour les proportions et la corniche, une des plus faibles de ce style : le rez-de-chaussée est en rustique à forts bossages ; l’étage du milieu est à bossages faibles, l’étage supérieur n’en a pas ; les fenêtres sont à plein cintre et très simples. La cour, avec son jet d’eau et son gracieux escalier, est d’un grand charme pittoresque ; mais le détail est une œuvre d’orfèvrerie, plus que d’architecture, défaut que Giuliano a encore exagéré dans les chapiteaux de son église de Prato [a] (comparer aux chapiteaux élégants du Palais Piccolomini à Sienne). — À Prato, Giuliano construisit (1488-92) la petite Madonna delle Carceri [b], croix grecque à voûtes. Le reliement de la coupole aux arcs inférieurs à l’aide d’un attique est un heureux progrès sur les coupoles de Brunellesco. La frise intérieure, vernissée avec festons blancs et candélabres sur fond bleu, montre comment il y aurait lieu de compléter les autres frises du même style restées blanches. Malgré les chapiteaux tourmentés des pilastres d’angles, l’ensemble est du plus heureux effet. L’incrustation de marbre de l’extérieur, restée inachevée, est un exemplaire précoce et élégant du style simplifié, et une rareté, à cause de l’emploi de matériaux de différentes couleurs. Le Palais Antinori [c], à Florence (Via Tornabuoni, no 3), qu’une présomption seulement permet d’attribuer à Giuliano, est plus simple et d’un meilleur style que le palais Gondi. — (Pour la villa des Médicis, Poggio a Cajano, voy. plus haut, p. 92, note 2.)

Antonio da Sangallo, l’aîné (1465-1634), vécut jusqu’à une époque assez avancée du xvie siècle, et l’unique édifice de grandes proportions qu’il ait élevé, la Madonna di San Biagio, à Montepulciano [d], commencée en 1518, porte déjà la marque de l’influence exercée par les projets de Bramante pour Saint-Pierre. C’est la Madonna delle Carceri de son frère, sous une forme plus développée, et traduite dans le style classique de la Haute Renaissance : la coupole est très exhaussée aux angles antérieurs de la croix grecque s’élèvent deux tours séparées de l’église, et dont une seule est entièrement achevée elles étaient destinées, non pas à dominer l’église, mais seulement à renforcer l’effet ; leur hauteur n’est pas absolument la même que celle de la lanterne de la coupole ; elles sont décorées d’une ordonnance de colonnes et pilastres liés, ces derniers formant toujours les angles ; l’extérieur même de l’église n’a que des pilastres corniers. À l’intérieur, la voûte en plein cintre a des rubans de rosaces, et la coupole est préparée par des colonnes corinthiennes très elancées, placées dans le tambour à des intervalles très rapprochés. Une annexe demi-circulaire du bras postérieur de la crois renferme la sacristie qui est ovale. — Dans la même ville, il y a de lui, entre autres œuvres, le Pal. Cervini [e] au Corso, d’une beauté simple, et sa propre maison, avec galerie, près de la Madonna di S. Biagio (1518). Le Pal. Tarugi [f], intéressante maison de coin, pourrait être de son neveu, Francesco da Sangallo, dont on ne connaît d’ailleurs aucune autre œuvre[1]. De sa

  1. Comparer de semblables projets de palais par Francesco parmi ses manuscrits ap-