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MONUMENTS PROFANES : TOMBEAUX.

sous un baldaquin qui, posé sur des colonnes, est couronné d’une statue équestre. Ces tombeaux sont aussi remarquables pour l’histoire de la culture que pour l’art même. Construits en dehors de l’église, par les maîtres de Vérone, de leur vivant encore, et dans un dessein politique et monumental plutôt que religieux, ils inaugurent et préparent ces monuments équestres tout profanes que les Vénitiens élevèrent plus tard comme récompense politique à leurs généraux. Ici les statues équestres, encore petites, sont placées sur le sommet ; le tombeau de Sarego, général et parent des Scala, situé dans le chœur de S. Anastasia [a] (1432), à gauche, donne déjà au cheval et au cavalier des dimensions plus considérables et en fait le sujet principal. (Voy. plus loin.) — Les autres figures des tombeaux de la famille des Scaliger, même celles du superbe monument de Can Signorio (œuvre de Bonino da Campiglione), ont plus d’intérêt historique que de valeur d’art. Les six héros qui se trouvent dans les baldaquins de ce dernier tombeau sont encore des saints guerriers (les saints George, Martin, Quirinus, Sigismond, Valentin et Louis IX) ; trente années plus tard, ils auraient cédé la place à ces héros romains anonymes qui montent la garde à Venise sur les tombeaux des doges par les Lombardi.


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Les origines de l’architecture et de la décoration modernes, sur lesquelles il convient d’insister avec quelque détail, pour leur mérite propre et dans l’intérêt des architectes, sont, dans le langage artistique d’aujourd’hui, désignées du nom de Renaissance[1]. Déjà les artistes eux-mêmes croyaient à une résurrection possible de l’architecture antique et ils pensaient vraiment approcher de ce but mais en réalité ils ne faisaient que revêtir des formes du détail antique leurs propres créations. Les restes de l’architecture romaine, bien que plus nombreux qu’aujourd’hui, quelque grand que fût l’enthousiasme qu’on leur vouait au XVe siècle, ne fournissaient cependant pour la solution des problèmes du temps que trop peu de vrais modèles. Pour des constructions à plusieurs étages, par exemple, on n’avait presque pour se guider que les théâtres et le Septizonium de Sévère (au pied du Palatin) ; ce dernier surtout devait exercer une influence considérable. Pour le riche revêtement des murs, il n’y avait d’autre modèle que les arcs de triomphe. Quant à une distinction entre les époques, il n’en était pas encore question : c’est l’antiquité en bloc qui servait de modèle, la plus récente tout autant que la plus reculée.

  1. Comp. le livre de l’auteur Histoire de la Renaissance en Italie (dans Burckhardt et Lubke : Histoire de l’architecture moderne), 2e édition, Stuttgard, 1876.