La cathédrale [a] de Salerne, construite en 1070 sous Robert Guiscard, repose sur des piliers avec colonnes angulaires. (L’église elle-même et la grande crypte sont modernisées de manière à être méconnaissables ; une seule des trois tribunes s’est mieux conservée.) L’atrium a des arcs surhaussés sur de belles colonnes de Pæstum ; la tour voisine à colonnes angulaires est pareille à celle d’Amalfi. Du même style encore à Ravello la petite cathédrale S. Pantaleone [b] et les pittoresques églises S. Giovanni del Toro [c] et S. Maria Immacolata [d].
Les œuvres décoratives de la Basse-Italie qui datent du XIe et du XIIe siècle (car il est difficile de discerner ce qu’il peut y avoir de plus ancien) et qui reposent entièrement sur la pâte de verre, ont certains motifs communs avec la décoration sarrasine ; elles sont peut-être l’œuvre des mêmes artistes.
Sur le continent italien c’est la cathédrale [e] de Salerne qui a gardé les restes les plus importants et les plus beaux en ce genre, tels que les ambons, la tribune des chantres, la colonnette du cierge pascal, les barrières du chœur, etc. Le dallage en pierres dures s’est conservé du moins dans le chœur. — La cathédrale [f]] d’Amalfi présente des restes plus simples. — Dans la ville voisine de Ravello [g], le superbe ambon incrusté de mosaïques a été exécuté en 1272 par le maître Nicolaus de Bartholomeo, de Foggia ; à S. Giovanni del Toro [h], il y a un pupitre d’évangile ; à Scala [i], au nord d’Amalfi, une jolie chaire. — Dans la cathédrale de Capoue [j]], auprès du tombeau du Christ, dans la crypte, sont enchâssés de grandes plaques de mosaïque, venant de la chaire, avec dessins mauresques et méandres. — Dans la cathédrale de Sessa [k]], la chaire très riche, avec colonnes reposant sur des animaux, sert maintenant de tribune d’orgue ; de somptueuses plaques de mosaïque recouvrent les parois du chœur actuel ; la colonnette du cierge pascal est ouvragée de rubans sculptés. — Dans la cathédrale de Fondi [l], chaire en mosaïques avec colonnes reposant sur des animaux. — Dans la cathédrale [m] de Terracine : chaire pareille ; la colonnette du cierge pascal, torse et striée, est une des plus belles. Notre objet n’est pas la curiosité historique, mais le développement même des styles d’architecture ; aussi ne pouvons-nous citer ici un assez grand nombre d’édifices dont le style manque de précision et d’harmonie. L’Italie surtout est riche en églises singulièrement rapiécées pour ainsi dire, composées soit de restes antiques, soit d’annexes ajoutées par tous les siècles ; pour distinguer ces différentes parties, il faudrait de longues dissertations qui seraient un maigre aliment pour le goût artistique. Qu’il nous suffise de faire une remarque générale qui pourra aider à déterminer la date de beaucoup de monuments : pendant tout le temps que le style gothique a régné en Italie (XIIIe et XIVe siècles), le plein-cintre, surtout pour les constructions de moindre grandeur et dans les
