Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
BASILIQUES : AVANT-COURS, FAÇADES.

se sont effondrées dans le courant des siècles, ou ont été reconstruites en grande partie aveu les anciens matériaux. Il vint de plus s’y ajouter des annexes de toute espèce ; c’étaient des chapelles, et, pour leur faire place, on perçait toutes les murailles ; c’étaient des absides nouvelles, dues en partie au besoin de fenêtres ; de nouvelles façades selon le style du siècle, etc. Enfin, et trop souvent, le style baroque s’empara de ces églises qui menaçaient ruine ; on engagea les colonnes à demi ou tout entières dans les piliers et ce qui restait encore de l’ancienne construction fut pour l’harmonie couvert d’ornements en stuc ; le baroque détestait surtout les plafonds anciens et plus encore les charpentes apparentes ; il y substituait parfois (et c’était le plus heureux) des plafonds surchargés de dorures, mais aussi et trop souvent des voûtes plafonnées décorées en style moderne. Il devint tellement de règle de murer les fenêtres supérieures de la nef centrale qu’aujourd’hui il n’y a plus de basilique recevant le plein jour d’en haut. Excepté tout au plus le pavé de mosaïque, aucun détail de l’ancien art chrétien au moyen âge ne s’accordant plus avec le style moderne des autels, des stalles de chœur, des peintures murales, l’art ancien devait céder. C’est ainsi que dans toute l’Italie on trouve un grand nombre d’églises datant des premiers mille ans de notre ère et des deux siècles suivants ; où les colonnes antiques sont encore plus ou moins reconnaissables et qui prétendent encore, par le style, au titre honorifique de basiliques, mais qui pourtant produisent l’impression d’être éminemment modernes.

Nous n’indiquerons que brièvement ici comment, par la pensée, il est de reconstituer la forme primitive des plus riches basiliques.

D’abord un atrium carré entouré de portiques dont l’entrée était encore accompagnée d’un petit portique spécial, voûté, sur deux colonnes en saillie. Ce petit portique s’est conservé à S. Cosimato in TrastevereIXe siècle ? et à S. Clemente ainsi qu’à S. Prassede à Rome [a] — XIIe siècle ! Un des quatre côtés du portique formait le porche de l’église même ; au milieu de la cour était la fontaine baptismale. Portiques à quatre côtés dans les cathédrales de Capoue [b] et de Salerne [c], ce dernier du XVe siècle et formé de belles colonnes de Paestum, toutes semblables ; à Rome, il n’y a que l’église relativement moderne de S. Clemente [d] (XIIe siècle) qui ait encore un portique intact, reposant en partie sur des colonnes, en partie sur des piliers ; le portique de S. Ambrogio à Milan [e], à voûtes sur des piliers ; date probablement de Louis le Pieux. Des portiques de couvents plus modernes donnent une idée assez exacte de ce genre de constructions[1]. Beaucoup de basiliques cependant n’avaient de portique que le long de la façade ; ce portique, quelques églises l’ont conservé avec son entablement généralement droit, assez fréquemment orné de mosaïque ; ainsi

  1. Comp. S. Annunziata [F] à Florence.