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paraît être le dernier fragment d’une construction très importante des Gordiens (troisième siècle). On trouve surtout dans la Roma Vechia de vastes salles avec un plan fondamental encore reconnaissable. — La Villa de Domitien embrasse l’emplacement actuel de la petite ville d’Albano [a] et des propriétés situées à l’ouest ; mais nulle part ne subsiste l’image de son ancien état, si nombreuses et grandioses que soient les ruines éparses.

De même que les thermes impériaux étaient plus considérables que les simples thermes, les villas impériales étaient aussi plus importantes que celles des particuliers ; c’était bien plutôt un ensemble de nombreuses constructions de luxe très diverses de nature et d’aspect.


On n’a une idée complète des bâtiments antiques que si la pensée y ajoute la décoration, surtout de riches ornements en couleur. D’abord, jusqu’à l’époque romaine, on peignait de couleurs voyantes certaines parties qui soutenaient l’édifice, telles que les colonnes, les entablements, les frontons ; et, bien que les ruines des temples de Rome n’offrent plus trace de couleur, les ornements bleus et rouges sur le stuc blanc des colonnes et des corniches pompéiennes, qu’on peignit même souvent en entier, prouvent sans conteste que la polychromie devint tout à fait en usage au dernier siècle de la république et aux premiers temps de l’empire. Dans la suite, elle déclina sans nul doute d’une façon notable, tandis qu’une profusion de ciselures toujours croissante la remplaçait et aboutissait à une ornementation confuse et barbare ; le goût, toujours plus répandu, des mosaïques devait aussi faire concurrence à la polychromie.

De plus, la dernière période de l’art grec avait déjà vu naître la scénographie, c’est-à-dire la décoration des murailles, et aussi des plafonds et des voûtes, par des figures et des motifs d’architecture peints. Nous ne voulons pas faire de recherches sur l’emploi de ce genre dans les temples romains ; outre les Tombeaux de la Via Latina [b], ornés d’intéressantes décorations en stuc et en peinture, qui représentent des animaux marins, des nymphes, des génies, des tableaux encadrés, Rome n’a conservé que peu de fragments de peintures dans les édifices profanes, aux Thermes de Titus [c], par exemple, et même aujourd’hui que l’air et la fumée des torches dégradent ces rares débris, on les étudie mieux dans les reproductions, bien qu’elles soient rarement fidèles, et dans les pièces que nous avons nommées plus haut, aux Orti Farnesiani, sur le Palatin. En revanche, il y a, soit à Pompéi, en leur lieu et place, soit au Musée de Naples, un grand nombre de décorations murales plus ou moins complètement sauvées, dont l’éruption du Vésuve, en l’an 79, nous a fait présent.

Les figures seront traitées au chapitre de la peinture ; nous apprécierons d’abord ici l’importance architecturale et décorative de ces merveilleux ornements.