Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

probablement de la fin de l’empire, les modifications les plus hardies dans la construction de la coupole nous apparaissent comme un fait accompli : la forme polygonale favorise la jonction avec les niches inférieures, mais cependant de manière que l’apparence de la forme hémisphérique suit conservée dans la coupole elle-même au moyen du revêtement de stuc. Il faut remarquer aussi que le jour de la coupole est remplacé par des fenêtres percées au dessus des niches. Le centre de la coupole, effondré depuis 1827, est représenté sans ouverture dans tous les dessins antérieurs. On avait ainsi vers 260 après J.-C. le modèle achevé des futures églises à coupole. La décoration probable de l’intérieur avec colonnes et entablement continu n’est pas parvenue jusqu’à nous ; il n’en reste aucune trace. Le stuc conservé encore çà et là ne doit pas être le revêtement primitif.

Les Thermes de Titus et de Trajan [a], dont les bâtiments sont étrangement confondus, donnent une idée, dans les parties encore accessibles, non plus de leur décoration,, enlevée depuis longtemps, mais de la hauteur considérable des salles, sombres autrefois comme aujourd’hui, et où l’on ménageait une distribution artificielle de la lumière. Le plan, autant qu’on peut le restituer, ne donne pas un modèle, vu les circonstances particulières.

Au point de vue architectural, les Thermes les plus importants sont ou étaient ceux de Caracalla [b]. Quatre motifs principaux y étaient, comme il semble, traités d’une manière grandiose, incomparable : 1o les grandes salles des deux extrémités, un peu oblongues, chacune avec une abside sur le côté, le toit reposait, à l’endroit où ces deux salles étaient couvertes, sur des piliers et des colonnes (ephébéia) ; 2o la salle antérieure, traversée par quatre colonnades dans sa largeur (frigidarium) ; 3o la grande salle centrale (tepidarium) ; 4o au fond, le bâtiment circulaire dont il ne reste que les approches (caldarium), des chambres de passage, annexes et ouvrages extérieurs, dont le nombre dépasse l’imagination. L’édifice entier reposait sur des fondements si hauts qu’il paraît encore aujourd’hui s’élever sur une terrasse. Vu la destruction presque entière de l’étage supérieur, il est difficile de préciser comment il s’agençait avec les bâtiments principaux et s’élevait au-dessus d’eux. Pour se faire une image un peu vivante de la salle la plus importante, celle du milieu, il faut s’aider du temple de la Paix, bien qu’il soit plus récent d’un siècle environ, partant moins vaste et rien moins qu’identique avec la salle des thermes en question ; en tout cas, la grande nef centrale avec voûtes d’arête et fenêtres supérieures, et de chaque côté les trois nefs latérales rejointes par des voûtes de plein cintre, sont une disposition commune aux deux édifices. Le revêtement des colonnes était encore semblable : la voûte de la basilique, comme celle de la salle des thermes, était soutenue par huit colonnes énormes placées en avant de la muraille, tandis qu’une autre colonnade plus petite, avec entable-