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Maxence) [a], les cirques ont entièrement disparu, si bien que la direction du terrain, des rues, des murs de jardins environnants (pour le Circus Maximus [b], à Rome), ou l’aspect d’une place qui répond à leur contour (pour le Stade de Domitien [c], aujourd’hui la Piazza Navona), ou encore les ondulations du terrain permettent seuls de reconnaitre leur forme. Même le cirque dont nous avons plus haut rappelé l’existence (devant la porte S. Sebastiano) a perdu tous ses détails d’architecture, ainsi que le revêtement en pierre du portique et de la spina, en sorte que nous ne pouvons nous y arrêter. — La disparition complète du Circus Maximus, excepté un fragment du pourtour conservé au moulin voisin du cimetière juif, est aussi l’une des énigmes que nous propose la moyen âge romain. L’édifice, en effet, recevait sur ses gradins environ deux fois plus de spectateurs que l’on n’en compte pour le Colisée, c’est-à-dire, d’après l’estimation la plus modérée, 150,000 personnes ; il devait donc avoir non seulement cette longueur d’un quart de lieue que l’on peut encore mesurer aujourd’hui, mais aussi une profondeur et une hauteur considérables, si l’on avait ménagé des places pour tous les spectateurs. C’est encore en vain que l’on demande où peut bien être cette masse de matériaux.


De même que les édifices destinés aux spectacles caractérisent l’architecture extérieure des Romains, les thermes sont la principale création de leur architecture intérieure.

Les bains publics de Pompéi (qu’on s’y baignât aux frais de la ville ou qu’il y eut un prix d’entrée) sont une preuve remarquable du luxe de décoration artistique qu’on exigeait même dans une petite ville provinciale : il y a les thermes derrière le Forum [d] ; les thermes de Stabies ou Bagni nuovi [e] ; un troisième établissement a été récemment découvert ; d’autres peut-être, sous les décombres, attendent d’être mis au jour. Ici, où le stuc était de beaucoup préféré à la pierre, le style architectural est nécessairement assez libre ; les corniches, par exemple, consistent en moulures creuses avec des figures en relief ; cependant il y règne une loi intime du beau. Pour le tepidarium, où devaient être ménagés de nombreux compartiments qui recevaient sans doute les vêtements des habitués, l’art produisit cet admirable motif de niches avec cariatides, là où nous nous serions certainement contentés d’une rangée de coffrets numérotés, dont les plus beaux eussent été en acajou. Quel heureux emploi des trois simples couleurs, blanc, rouge et bleu, pour la décoration de la voûte ! Dans le calidarium, la voûte de plein cintre était cannelée, afin que la vapeur condensée, au lieu de retomber en gouttelettes, pût couler le long de la muraille.

Mais ce ne sont là que les bains proprement dits, destinés aux soins quotidiens de la santé. Les thermes impériaux, qui avaient été construits à Rome et dans les villes provinciales les plus importantes pour le plaisir