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rieurs, où de simples fenêtres auraient suffi à la rigueur. Mais ce motif de portes fit monter d’étage en étage le revêtement de colonnes engagées avec entablement et attique. Les arceaux furent encadrés dans ces formes simples qui, cent fois répétées, devenaient singulièrement imposantes. C’est surtout ici que l’architecture moderne s’est mise à l’école, et, pour la décoration des édifices comme pour les proportions de leurs étages, elle est toujours revenue à ces modèles. La cour du Palais Farnèse est une imitation, presque une copie, du théâtre de Marcellus ; on découvre dans mainte façade d’églises et de palais des réminiscences du Colisée.

L’intérieur, très dégradé en de nombreux endroits, et entièrement détruit partout ailleurs, permet à l’imagination de se donner carrière, surtout quant au portique circulaire qui régnait à l’étage supérieur. Dans les cirques, cette colonnade devait avoir une richesse de détails et une magnificence particulières.

À Syracuse [a], on voit les restes d’un de ces merveilleux théâtres grecs que les théâtres romains imitaient dans leurs dispositions principales ; seulement l’orchestre, c’est-à-dire l’espace semi-circulaire qui est aujourd’hui au centre, ne servait plus aux évolutions du chœur, mais était disposé en manière de parterre. À Taormina [b], les constructions en brique de la scène sont romaines. Du Théâtre de Pompée à Rome [c], on ne discerne plus rien, excepté la situation de l’hémicycle dans les rues voisines de S. Andréa della Valle, à droite. D’après le plan en marbre de la ville, datant du troisième siècle, on voit que la scène était richement ornée de colonnades, et d’autres renseignements nous apprennent qu’au sommet, sur le pourtour, s’élevait un temple de Vénus. Quant au Théâtre de Marcellus [d], il nous reste, au contraire, un fragment magnifique de la construction extérieure : une partie de la colonnade dorique-toscane, dont les colonnes et l’entablement se rapprochent ici du dorique pur, et une partie de la colonnade ionique, qui est aussi d’un style relativement correct. Partout ailleurs en Italie, il n’y a guère de ville ancienne qui ne puisse montrer les ruines d’un théâtre, mais le plus souvent ce sont des ruines informes. Le joli petit théâtre de Tusculum (au-dessus de Frascati) [e] est encore assez bien conservé à l’intérieur, tandis qu’à Pompéi on a enlevé une grande partie des ouvrages de pierre, des colonnes, etc., qui décoraient la scène du théâtre [f] et de l’Odéon [g], petit théâtre couvert qui en est proche. On appréciera mieux le théâtre d’Herculanum [h] en considérant au Musée de Naples sa reproduction en liège, qu’en l’allant voir sur place, où il n’est pas possible de le contempler. Celui de Fiezole (Fæsulæ) [i] mérite d’être vu à cause de sa situation plutôt que de ses ruines. Des restes importants se trouvent à Parme, à Vérone [j], etc.

Quant aux amphithéâtres, création purement romaine, destinée aux combats de gladiateurs et d’animaux, Rome en a dans son Colisée [k] le modèle par excellence. Les guides donnent à ce sujet tous les renseigne-