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cien revêtement de marbre était en soi d’une facture absolument médiocre et relâchée ; la décoration de la grande niche de fond par des niches plus petites, pratiquées dans la muraille et encadrées de colonnettes, semble avoir été une décoration presque puérile. Les consoles qui portaient ces colonnettes subsistent encore. Les caissons des trois voûtes latérales sont octogones et séparés par de petits quadrilatères en diagonale ; ceux de la niche moderne sont hexagones avec de petits losanges intermédiaires ; d’après un fragment, les caissons de la nef principale auraient eu différentes formes de panneau, mais tous montrent que le caisson, en renonçant à sa forme de simple quadrilatère, avait renoncé aussi à son caractère de section de la toiture, et ne prétendait plus qu’au rôle d’ornement. La lumière venait par les rangées de fenêtres des nefs latérales, et surtout, comme aux thermes de Dioctétien, par les grandes fenêtres semi-circulaires pratiquées dans la voûte centrale. Du portique qui fait face au Cotisée, il nous reste seulement les piliers de brique.

Peut-être dans l’antique Italie bien des fragments de murailles qui ont aujourd’hui changé de noms appartenaient-ils à des basiliques. On ne peut demander à ce genre d’édifices, non plus qu’à nos bourses et à nos palais de justice, une disposition générale facilement reconnaissable.


Parmi les édifices consacrés aux plaisirs publics, il faut mentionner d’abord ceux qui étaient destinés aux spectacles, car c’est là l’œuvre la plus originale de l’architecture romaine, qui pour les temples s’inspirait des modèles grecs. Nous ne parlerons ni de la destination ni de la structure des théâtres, amphithéâtres, cirques, non plus que des naumachies et des stades, complètement disparus ; ce sont choses connues ou relevant de l’archéologie ; nous n’avons à nous occuper que de leur forme artistique.

Celle-ci consistait, pour l’extérieur des théâtres et des amphithéâtres, peut-être même des cirques, à revêtir la muraille circulaire ou elliptique, entre les différents étages, de colonnes engagées et d’entablements des différents ordres grecs ; le dorique-toscan, l’ionique et le corinthien, sur lesquels s’élève encore, dans un cas unique, au Colisée, un mur supérieur sans baies, avec des pilastres d’ordre corinthien. Les Grecs construisaient leurs théâtres au fond d’une vallée, en les adossant à la pente, ou en taillaient les gradins dans le roc ; les Romains élevèrent leurs théâtres sur un terrain libre et uni ; il fallut donc les décorer à l’extérieur.

Leur point de vue initial était très raisonnable. Il ne leur venait pas à l’idée d’exiger d’une grande foule qu’elle s’écoulât patiemment après le spectacle par deux ou trois portes larges au plus de vingt pieds ou, en cas de tumulte, qu’elle s’abstînt de faire une poussée. Ils connaissaient le peuple ; aussi transformèrent-ils tout l’intérieur de leurs théâtres en gradins de pierre et en allées, et toute la muraille du rez-de-chaussée en portes voûtées. Il s’ensuivit une disposition semblable des étages supé-