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tres édifices, avec une décoration, certainement riche, de statues, de fontaines jaillissantes et autres ornements semblables, sans lesquels on ne peut imaginer aucune construction de ce temps. Outre l’immense mur d’enceinte du Forum d’Auguste, il n’y a à citer parmi les constructions isolées que la Colonnace [a] (Via Alessandrina) : deux colonnes saillantes avec entablement également en saillie, et attique ; elles appartenaient sans doute au portique d’entrée du Forum de Nerva [b] ; l’ensemble est magnifique, somptueux même, notamment la corniche inférieure, dont le motif est déjà embrouillé, comme tous les ornements de feuillage qui s’éloignent trop des simples palmes et de l’acanthe. Aux parties saillantes de l’attique, on peut remarquer des trous où étaient sans doute rivés des ornements d’airain. Si la base des colonnes ainsi que le piédestal n’étaient pas enfoncés en terre, ce modèle de colonnes saillantes serait le plus remarquable qu’on put trouver en Italie.

Parmi les monuments isolés qu’on voit à l’intérieur des Forums, nous avons décrit le temple de Mars Vengeur. Deux importantes basiliques sont en partie mises au jour : au Forum romanum, la Basilique Julia [c], dont la nef centrale était entourée de piliers en arcades, et la Basilique Ulpia [d], qui est le principal édifice du magnifique Forum de Trajan. C’était un édifice à cinq nefs ; la nef du centre était à ciel ouvert. Les colonnes de granit qui s’y voient actuellement, et dont une partie repose sur les socles primitifs, appartenaient sans doute à un édifice moins important de ce Forum, tandis que la basilique s’élevait sur des colonnes de marbre précieux. Les deux extrémités de ce monument, ensevelies aujourd’hui sous des rues, avaient également chacune une colonnade ; celle de l’extrémité postérieure se dressait devant le tribunal, grande niche semi-circulaire magnifiquement décorée. La colonne Trajane, qui ne devait pas être isolée, non plus que les obélisques, était comprise dans ce vaste ensemble, et s’élevait comme dans une cour entourée, de trois côtés, par la façade nord de la basilique, et par ses deux annexes qui étaient, à ce que l’on croit, des bibliothèques. L’édifice avait-il un étage supérieur, et de quel genre ? Ceci, comme tant d’autres choses, reste un problème.

Les chrétiens en ont tout au moins emprunté l’ordonnance générale et le nom, car les temples païens, dont l’intérieur était relativement si exigu, n’auraient pas suffi pour réunir toute une communauté. La nef centrale, qui a encore ici l’aspect d’une cour entourée d’un portique, paraît, dans d’autres basiliques, avoir été couverte assez fréquemment ; les chrétiens lui ont donné également un toit et ils élevaient très notablement la perspective dans la direction de l’autel.

Parmi les basiliques de la bonne époque romaine qu’on trouve hors de la capitale, celle d’Herculanum [e], après avoir été dégagée, a été de nouveau ensevelie ; celle de Pompéi [f], au contraire, est si bien conservée, qu’elle fait une impression vivante et artistique. Elle avait trois nefs ; le portique inférieur était de style ionique bâtard, le portique