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n’a encore que deux bandes. La partie inférieure est ornée avec discrétion de tores et de méandres ; ce qui reste de la frise est très bien décoré de griffons, de candélabres et d’arabesques. La corniche, au lieu de porter des consoles avec une goulette très saillante, est encore d’une forme simple et dessinée à grands traits. Elle n’est plus visible que sur les côtés. Les matériaux étaient, comme pour le temple de Mars Vengeur, des pierres de taille (ici du péperin) revêtues de plaques de marbre.

Parmi les édifices de ce genre situés hors de Rome, le beau Temple de Minerve à Assise [a], dont le fronton à six colonnes est intact, appartient à la meilleure époque du style corinthien. Les formes sont encore simples et assez pures, le fronton bas porte un ove étrangement contourné au lieu du kymation. Ici encore des degrés montent entre les colonnes, ce qui leur donne l’air de reposer sur un piédestal, et, de fait, leurs supports ont une petite corniche et une base particulières qui ajoutent encore à cette apparence. Cependant il n’est pas un seul temple où les colonnes aient un véritable piédestal. Le piédestal n’apparaît que dans le cas où des colonnes très espacées servent à la décoration d’un membre d’architecture intermédiaire, tel qu’un arc, et doivent cependant, pour d’autres raisons, conserver des dimensions modérées : il est alors nécessaire de les soutenir d’un piédestal.

En dehors des temples déjà nommés, on trouvera encore en beaucoup d’anciennes églises d’Italie des colonnes isolées, des morceaux d’entablement qui proviennent de temples ruinés, et sont enclavés dans le mur actuel ; mais il est très rare qu’on les ait laissés à leur ancienne et véritable place, et très rare aussi qu’ils révèlent à la première vue le plan et les proportions de l’édifice disparu. À S. Paolo à Naples [b], où l’on voyait encore au dix-septiéme siècle la colonnade du Temple des Dioscures presque entière, il ne reste que deux colonnes corinthiennes seulement. Deux colonnes corinthiennes et un morceau d’entablement, voilà tout ce qui peut aider à reconstruire en pensée le Temple des Dioscures de Cori [c]. Le grand Temple de la Fortune à Palestrina [d], toutes ses terrasses et ses escaliers, sont entièrement couverts de bâtisses qui forment une partie de la petite ville actuelle ; c’était peut-être autrefois une des merveilles du monde antique. La cathédrale de Terracine [e] est construite sur les ruines d’un temple corinthien (?), probablement dédié à Jupiter d’Anxur. Le soubassement et deux colonnes engagées que l’on peut voir par derrière en donnent une idée suffisante. La cathédrale de Pouzzoles [f], S. Proculo, est pareillement bâtie à la place où s’élevait un temple d’Auguste,

C’est surtout par sa position que se distingue le Temple corinthien d’Hercule à Brescia [g] ; adossé à une pente et développé par conséquent en façade plus qu’en profondeur, il se dresse avec ses trois sanctuaires sur un soubassement élevé ; au milieu, le portique fait une saillie de deux colonnes ; à cet avant-corps aboutit un large escalier. Les colonnes