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sans contredit plus récente, peut-être de l’époque de Septime-Sévère, bien que dès l’origine il y en eût de semblables à cette même place, comme pendant et contraste avec les niches, ainsi que l’exigeait le sentiment architectural des Romains. Il est difficile de fixer l’époque du revêtement des parois inférieures avec des bandes et des ovales de mosaïque ; on l’a imité avec un peu trop de confiance, par exemple à la Madeleine de Paris. Le revêtement actuel des parois de l’étage supérieur ne date notoirement que du siècle dernier ; les dessins plus anciens montrent à cette place un rang de pilastres, qui est la suite naturelle et heureuse de la structure de l’étage inférieur[1].

Enfin les caissons, dépouillés de leurs magnifiques ornements de métal, font encore un grand effet, malgré leur nudité sans couleur. La direction de leur profondeur vers le haut parait être la directionprimitive. Mais comment remplir la paroi ronde qui entoure la fenêtre avec des formes vraiment antiques ? La décoration sérieuse, monumentale, avait ici l’occasion de produire un chef-d’œuvre. Pour conclure, nous relèverons encore un défaut d’harmonie imputable à l’architecte d’Agrippa. La niche de la porte et celle de l’autel, qui est en face, coupent malheureusement avec leur forme convexe l’ensemble circulaire de l’édifice ; il en résulte une courbe doublement limitée que l’œil ne peut souffrir aussitôt qu’il l’a remarquée.

Les imitations du Panthéon ne pouvaient manquer, et peut-être les imitateurs romains surent-ils mieux que Bianchi, qui construisait d’après ce modèle S. Francesco di Paola à Naples, la condition essentielle de l’effet, à savoir l’unité de lumière. L’édifice circulaire de SS. Costa e Damiano au Forum est un temple antique appelé Temple des Pénates [a], éclairé autrefois par une pure lumière tombante. Le double plancher, dont la partie inférieure est accessible, a sans doute produit l’écho bruyant qu’on entend au centre. Cet édifice a été dénaturé au moyen âge par une porte faite de débris antiques et disposée à une place arbitraire. Quant aux thermes et aux monuments de ce genre éclairés par en haut, il en sera question plus loin.

Un portique à lignes droites ajouté à un monument circulaire est tonjours, en soi, une faute contre l’harmonie, et l’exemple du Panthéon ne saurait être une excuse, parce que le portique est une conception plus récente (un pentimento), et que, entre l’époque de la rotonde et celle du portique, la destination de l’édifice avait changé. Ce portique, s’il était projeté des l’origine, était au moins conçu dans d’autres proportions et avec une moindre saillie. Nous verrons comment dans les édifices plus modernes on a su concilier ces contrastes.


La grande majorité des temples romains est ou était, on l’a remarqué,

  1. On ignore absotument où et comment furent placées les cariatides, parmi lesquelles devait être celle qu’on voit au Vatican (Broccio Nuovo) [b].