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des écarts de style surprenants, comme par exemple, le nombre impair (neuf) des colonnes aux deux façades, cet édifice paraît avoir été également un temple (à deux sanctuaires ?). Son aspect, sa situation, ses degrés, son intérieur étroit, ne laissent pas penser à une autre destination, à celle, par exemple, des anciennes basiliques. Là encore les colonnes sont fortement renflées et séparées de l’ove, très souple et très arrondi, par un cavet semblable à celui du temple de Cérès. De l’entablement il ne reste qu’une très mince architrave, et, en partie, une frise fortement rentrée, sur laquelle sans doute des triglyphes et des métopes, sculptés dans une pierre plus dure, étaient appliqués (ou devaient l’être, car il en était trop souvent de la décoration de ces temples comme de l’achèvement de nos cathédrales gothiques). À l’intérieur, le sanctuaire commence par un portique de trois colonnes et de deux pilastres d’encoignure (antes) qui imitent, indice manifeste d’un changement de style surprenant et singulier, l’amincissement et le renflement des colonnes ; leur chapiteau, — un cavet, — est également d’un style sans goût. À l’intérieur, par une étrange disposition, une rangée de colonnes s’élève le long de l’axe de l’édifice, au milieu. Trois colonnes sont entières ; de deux autres il ne reste que les chapiteaux. Quelle toiture peut-on imaginer d’après cela, quelle destination pour l’édifice ? On peut d’autant moins en décider, que cet intérieur n’est peut-être pas celui qui fut construit primitivement.


Les temples siciliens sont tous de l’ordre dorique, tons bâtis en pierre calcaire poreuse ; ils étaient originairement revêtus de stuc, ce qui se voit encore très bien aux temples de Girgenti, surtout à celui de la Concorde.

À Syracuse, le temple appelé Temple de Diane [a], dans la ville moderne, est « un spécimen du style dorique lourd et fort jusqu’à l’exagération » (Semper), avec la disposition des colonnes la plus serrée qu’on ait vue jusqu’ici (l’intervalle entre deux colonnes est encore moindre que leur diamètre). Il a eté déblayé récemment à une plus grande profondeur, ce qui a mis au jour, sur le degré supérieur près de l’entrée, une très ancienne inscription à Apollon (τᾥ Πἑλωνι), relative à des ex-voto érigés entre les deux dernières colonnes à gauche. — Colonnes du Temple de Minerve [b] avec l’architrave et la frise, encore conservées dans la cathédrale. Le meilleur point de vue est aux côtés sud et ouest. À une lieue à l’ouest de Syracuse, près de l’Anapus, deux colonnes qui restent du Temple de Jupiter [c]. — À Girgenti (l’ancienne Acragas, Agrigente), le Temple de la Concorde [d] est le mieux conservé. — Temple de Junon Lucine [e], ruine grandiose. — Temple de Proserpine (aujourd’hui San Biagio) [f] ; remarquer la situation de la terrasse sur laquelle s’élevait le petit sanctuaire. — Temple de Jupiter Olympien [g], le plus considérable de la Sicile, avec ses colosses disposés en cariatides. Celles-ci s’élevaient très