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rées, en charme paisible, au groupe des Trois femmes [a] causant ; une colonne et un bois au fond (salle 1, LX) : Raphaël était sur cette voie, lorsqu’il projetait la seconde série des histoires de Psyché, Quelques dessins rouge-brun sur plaques de marbre d’Herculanum [b] (salle 1 ; LXXII) dont le feu a détruit l’exécution en couleurs pour n’en laisser que quelques traces, montrent la préparation de l’artiste antique. De même nous avons, sur un fragment découvert récemment à Pompéi (même mur), la Mort des Niobides [c]. Parmi ces dessins, c’est surtout le tableau de genre d’Alexandros d’Athènes : Jeune fille jouant aux osselets, qui trahit un superbe original. Un petit tableau de peu d’apparence est fourni par la scène si joliment imaginée : Qui achète des Amours ? (salle 2, XLV) [d]. Les Couples amoureux banquetant et se reposant (corridor de la salle 5, XXXIII) trahissent également une belle pensée grecque. Quelques-uns des petits tableaux mythologiques qui décorent, en partie encore maintenant, le panneau central des maisons ordinaires de Pompéi pourraient parfois avoir comme ensemble harmonieux une valeur intrinsèque particulière. Ainsi : la meilleure des représentations de Narcisse (salle 1, LX) [e], de même que le petit tableau de Bacchus et Ariane (salle 2, LI) [f] ; plusieurs scènes bachique (salle 2 et corridor de la salle 3) ; Vénus représentée en pêcheuse (plusieurs fois) etc. Le petit tableau endommagé : Hylas et les Nymphes (salle 3, XVII) [g] montre un motif très heureux. Dans la Raccolta pornografica, l’on trouve un faune qui, après avoir dompté une nymphe, l’a étendue sur le dos et l’embrasse, ainsi que quelques autres scènes excellentes qui ne sont pas plus choquantes que beaucoup de choses exposées dans les salles du rez-de-chaussée.

L’esprit grec est, à mon sens, rendu de la façon la plus directe et la plus pure, non pas par les tableaux complets, mais par ces figures et ces groupes isolés et nombreux qui, employés en guise de décorations, sont ou bien placés sur un fond unicolore ou servent à rendre plus vivante l’architecture peinte (p. 51 et suiv.) des petites chapelles, des pavillons des balustrades, etc. Ce qu’il y a de meilleur en ce genre n’a pu être inventé qu’au temps de la plus haute splendeur de l’art grec jusqu’à ce que, transmises par la tradition à travers les siècles, ces œuvres aient été employées entre autres aussi dans la petite ville située au pied du Vésuve. Sans doute les peintres les apprenaient par cœur pour les reproduire, sans crainte d’être accusés de plagiat. La décoration de nos jours en fait un usage tellement fréquent, que le spectateur rencontre une foule de vieilles connaissances, tout en s’étonnant peut-être, il est vrai, de l’apparence simple et des petites proportions des originaux.

Ce qu’il y a de plus important se trouve aux endroits suivants : (salle 1, LXX) Jupiter et Victoire [h], sur fond rouge ; — (même salle, LXIV) Cérès [i] avec son flambeau et sa corbeille ; — sur fond rouge, les deux Dioscures ; Bacchus et Junon [j], tous les deux assis sur un trône avec