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qui les a conservés, c’est ce principe de l’industrie artistique des anciens ; la répétition de l’œuvre reconnue excellente.

Cela est vrai tout d’abord de ces restes qui sont conservés à Rome dans la Bibliothèque Vaticane (la chambre construite sur le jardin). Le tableau dit des Noces Aldobrandines [a], — une œuvre qui, même après la découverte de Pompéi, garde sa haute et unique valeur, — et aussi les cinq images de Femmes mythiques [b], rappellent des originaux du meilleur temps. Pour ce qui est à Rome [c] dans les Thermes de Titus, dans quelques collections privées, dans les columbaria de la Voie latine et de la Villa Pamfili, etc., c’est en partie détruit, en partie de médiocre importance, — excepté les décorations murales d’une villa particulière sur le Palatin [d] (d’après Rosa, la maison ancestrale de Tibère). En fait de peinture antique, d’ailleurs, tout ce qui n’est pas de Rome vient presque exclusivement de Pompéi. (Voir aux additions.)

Les endroits de beaucoup les plus importants pour l’étude de la peinture antique sont les lieux ensevelis sous les cendres du Vésuve, et le Musée de Naples [e]. Les tableaux du côté droit du rez-de-chaussée sont ordonnés par catégories avec des chiffres romains : les tableaux à personnages, les paysages, etc. (cat. I-LXXII), dans un corridor et dans cinq salles du côté sud ; les décorations murales (cat. LXXIII-LXXXV), dans un corridor du côté nord[1].

À droite, dans la salle la plus reculée, se trouvent quelques peintures murales datant d’une période antérieure de la peinture grecque et qui ont été découvertes dans des hypogées de la basse Italie, principalement à Pæstum (la salle LXVIII et LIX) : elles représentent des cavaliers, des danses de femmes, etc. Au lieu d’un coloris achevé et d’un modelé plastique, nous voyons prédominer encore le simple dessin enluminé des contours, mais plein de vie et noble même quelquefois ; il correspond au génie de l’ancien art grec. Dans l’exécution du profil l’on retrouve la manière du relief grec qui sait tourner le haut du corps de façon qu’il se montre dans toute la beauté de ses formes. (Comparez au Museo Etrusco du Vatican [f] les fidèles copies des peintures des hypogées de l’Étrurie, tant de style ancien que de style plus récent.)

Les peintures et les mosaïques de Pompéi, par contre, nous montrent, il est vrai, l’art antique arrivé, dans une certaine mesure, à son point culminant, mais avec deux restrictions qu’il faut prendre en considération : premièrement, nous avons ici des peintures d’une ville de province peu importante de l’époque romaine ; secondement, ce sont de simples décorations murales dont l’exécution suit nécessairement un tout autre principe que celui des tableaux. Ces derniers, du moins ceux de la bonne époque, étaient certainement d’un fini plus délicat par rapport à tout ce

  1. Pour faciliter les recherches, nous avons compté ici les salles en commençant par le fond et en finissant par le devant.