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une ligne sinueuse de points la terre, une colonne avec un vase la palestre, etc. De même tout le mobilier, tel que voitures, tables, etc., n’est indiqué que d’une façon sténographique, pour concentrer toute l’attention sur l’essentiel.

Ce qui, d’ordinaire, donne la plus haute jouissance artistique, ce sont moins les compositions mythiques, très développées, qu’un petit nombre de figures détachées et qui reviennent souvent, lesquelles, précisément à cause de leur valeur reconnue, sont toujours traitées à nouveau, et librement. Le visiteur les aura bien vite trouvées dans toute collection importante. Nous voulons seulement appeler l’attention sur quelques particularités qu’offre, par exemple, une visite à travers le Musée de Naples [a].

Hommes assis et appuyés. — Satyres dansants. — Jeunes hommes de la palestre, nus ou revêtus de manteaux, et appuyés. — Génies ailés planant. — Bacchantes sautant. — Un homme nu, parlant, le pied sur un rocher. — Femmes assises, le sein nu, un pied derrière l’autre, souvent d’une grande beauté. — Déesses de la victoire planant. — Danseuses voilées. — Ménades. — Toilette d’une femme ou d’une fiancée qui, assise, met ou ôte son voile ; parmi les servantes, qui apportent parure ou corbeille, parfois l’une très belle, nue, dans une attitude accroupie. — Une femme parlant, vêtue, se tenant inclinée, un pied appuyé sur une pierre, faisant un geste de la main droite. — Une femme voilée, assise, dans une attitude de deuil. — Convives des deux sexes à une table de festin. — Chevaux, sans exactitude de dessin, mais toujours pleins de vie ; un attelage de quatre chevaux au repos, un autre au galop, les deux sujets dans une centaine de répétitions. — Un cavalier, d’un mouvement excellent, lancé au galop.

De telles et d’autres conceptions isolées de l’art grec, que ces vases parfaits nous offrent en quantité, suffiraient déjà pour assurer à l’esprit de ce peuple une éternelle admiration.


À côté de cette riche collection de peintures sur vases, on ne peut penser qu’avec douleur à tout ce qui s’est perdu dans la peinture de grand style. De Polygnote, de la vieille école attique de Zeuxis, Parrhasios, et des autres Ioniens, de Pausias et d’Euphranor, du grand Apellès, de cent peintres grecs qui étaient encore connus à Pline et à Quintilien, pas une ligne, pas un coup de pinceau ; il n’est resté que le nom. En vain essaie-t-on, d’après les indications des auteurs, de se faire une idée du style de ces artistes ; il est toujours hasardeux, d’après les peintures de Pompéi et autres, de prétendre deviner les motifs des anciens maîtres.

En général cependant il est une chose certaine, c’est que, dans les peintures antiques que nous possédons, l’invention est très supérieure à l’exécution. Ces grands maîtres anciens vivent encore en partie aujourd’hui, mais anonymes, et comme des ombres, dans les copies de leurs œuvres. Ce