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parurent le plus grand nombre de ces vases. Les usages, les costumes, les mythes qu’ils représentent, sont presque exclusivement grecs. Les inscriptions sont également grecques ; les imitations vraiment étrusques sont très rares. Par la date, ils appartiennent pour la plupart à l’époque comprise entre le sixième et le troisième siècle avant le Christ. Au temps de la domination romaine, on ne travaillait plus dans ce style, — et Pompéi, par exemple, n’offre plus aucun vase de cette sorte.

Il n’y en a qu’un petit nombre qui pouvaient servir pour l’usage journalier de la cuisine, de la table, du lavage. C’étaient plutôt des objets d’apparat ; on les recevait comme prix de combat, cadeaux de noces, etc. ; après avoir paré la demeure du vivant, ils accompagnaient le mort au tombeau. On les trouve d’ordinaire, dans la crypte tombale, rangés autour du cadavre ; mais, par malheur, le plus souvent en morceaux, qu’il n’est pas toujours facile de rapprocher les uns des autres. (Comparez l’exposition du Museo Civico à Bologne.)

Ce sont des vases de toute espèce et de toute forme, depuis l’amphore gigantesque jusqu’aux plus petites écuelles. Même dans les objets destinés aux usages familiers, les Grecs savaient partout faire ressortir la beauté et l’expression,.

C’est avec un vrai plaisir que l’œil s’arrête aux formes, aux profils que le potier donnait aux vases. Le serré d’exécution plastique que nous avons trouvé dans les vases de marbre décoratifs n’eût pas été ici à sa place : on n’a cherché que ce qui est compatible entre la beauté de forme et le travail du tour. À vrai dire, les urnes faites librement à la main sont souvent d’une beauté et d’une vie extraordinaires.

De même, les ornements peints ne contribuent pas peu à l’animation du vase, tant ils sont heureusement appropriés au sujet et à la fonction.

La partie inférieure du vase au-dessous de l’anse était souvent ornée de bouquets de palmes (c’est-à-dire une feuille à pointe ovale, accompagnée de petites feuilles latérales pressées l’une contre l’autre) où se montre également une incroyable souplesse. Au bord supérieur du vase, comme symbole du contenu, court parfois un travail de fleurs en forme de vagues ; le col est entouré de petites palmes serrées, ou simplement de cannelures droites, qui, lorsque la panse du vase s’élargit, se changent en une riche ornementation. Les zones intermédiaires, au-dessus et au-dessous des représentations figurées, se composent ou de palmes très découpées, ou de méandres, ou de rangées d’œufs, etc. Le resserrement inférieur du vase est encore accusé par un travail de feuilles en pointe. Le pied est sans ornement.

Ce ne sont évidemment que des accessoires, mais qui montrent qu’il s’agit d’un vase et non pas seulement d’un joli objet de parade.

On pourrait croire que, du moins dans ce travail d’ornement, les potiers en prenaient à leur aise, et peignaient avec des patrons tout faits. Mais il suffit d’un regard pour voir qu’à l’exception de détails purement