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dans l'esprit du relief ; on peut dire la même chose des sculptures de l'Arc de Bénévent [a]. — La spirale énorme de la Colonne Trajane [b], d'une exécution admirable, est riche en sujets isolés dignes des meilleurs temps ; mais, comme œuvre d'ensemble, elle est faite pour fatiguer à jamais le relief, qui doit sa grandeur à une incomparable mythologie, par la sécheresse du récit historique. — À la même époque appartiennent les reliefs intéressants de deux balustrades [c] parallèles en marbre, trouvées au Forum en 1872 : ur les côtés extérieurs se trouvent deux actes du règne de Trajan qui se passent au Forum (qu'on remarque les édifices du fond) ; sur les côtés intérieurs il y a ou un porc ou une brebis ou un bœuf (suove taurilia). — Du Forum de Trajan il s'est conservé deux splendides frises (des génies en demi-figure avec arabesques ainsi que des griffons et des vases) et un bon fragment de relief au Musée du Palais de Latran [d], première et deuxième salle. — Du temps de Marc-Aurèle : les reliefs de la Colonne d’Antonin [e] (plus exactement de Marc-Aurèle), déjà considérablement moins bons et plus mal conservés, et les laborieuses sculptures, quelque peu dénuées de vie, qui se trouvent à présent murées dans l'escalier et dans la salle supérieure du Palais des Conservateurs au Capitole [f], et qui proviennent sans doute d'un arc de triomphe ; le meilleur de tout cela est incontestablement l’apothéose d'une impératrice, soit l'ancienne, soit la jeune Faustine. À la base du monument d'Antonin le Pieux, situé aujourd'hui dans le Giardino della Pigna du Vatican [g], se trouve l'apothéose de l'empereur (rituel d'anciens modèles), également beaucoup meilleure que les masses de cavaliers qui sont des deux côtés. — De l’Arc de Septime Sévère [h] : défilés d'armées ordonnées en zigzag, représentés avec une profusion et une maladresse effrayantes ; — l'Arc contemporain des Orfèvres [i] n'est que l’œuvre d'un tailleur de pierre. — Dans l’Arc de Canstantin [j], tout ce qui n'est pas emprunté à l'Arc de Trajan marque la chute manifeste du bas-relief et en général de la sculpture ; l'exécution inhabile transforme les individus isolés en marionnettes, et la disposition générale est absolument sans vie. Les mêmes défauts sont à remarquer dans les cercueils de porphyre d’Hélène et de Constance (Vatican, Sala a Croce greca [k]).

Lorsqu'on jette un coup d'œil général sur cette triste marche de l'art, on voit clairement combien peu doit accorder au relief une histoire digne de ce nom. Que l'on compte, parmi les faits qui sont glorifiés dans ces monuments commémoratifs de victoires, ceux dans lesquels un moment dramatique est rendu visible par la représentation des personnages principaux, sans que nous ayons sous les yeux soit une simple cérémonie, soit un simple commandement en chef ; que l'on compte les scènes qui se faisaient accepter en quelque mesure par la variété du sexe, de l'âge ou des caractères, dans ce genre dont les ressources de composition sont si limitées, et il s'en trouvera bien peu. Que l’on compare ces images des