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servir à exprimer l’énergie, la plus noble ardeur, est rendu avec vigueur et bonheur, et à la surface même de la peau on a introduit une vie et une expression surnaturelles que l’animal mortel ne possède pas. Longtemps on a considéré comme une œuvre grecque les quatre chevaux de bronze si souvent déplacés du portail de Saint-Marc, à Venise [a] ; actuellement on les tient cependant pour un travail romain, environ du temps de Néron ; en tout cas ils sont des meilleurs, et inappréciables en tant que le seul attelage conservé à quatre chevaux (ils viennent probablement d’un arc de triomphe). — Les quatre chevaux restaurés des colosses de Monte Cavallo, à Rome [b] sont sans doute des imitations d’originaux grecs, comme les statues, mais dans leur état actuel ils ne peuvent servir de type. (La tête de l’un d’eux est très remarquable.) En général, les chevaux romain paraissent, en comparaison de ceux de Phidias et de son école, grossiers, et, dans le détail, peu animés ou animés d’une vie absolument réaliste, mais quelquefois frappants par le mouvement. — Au Musée de Naples, les chevaux de marbre des deux Balbi [c], 2e corridor, méritent (à mon avis) incontestablement la préférence sur le cheval d’airain (très retouché) d’Herculanum, aussi bien que sur la tête colossale d’airain, qui n’est peut-être même pas antique, du palais Colobrano (1re salle des Bronzes) [d] ; parmi les statuettes en bronze (2e salle des Bronzes) qui se trouvent à cet endroit, le cheval d’Alexandre [e] et celui qui galope librement surpassent celui de l’Amazone. — À Rome, le cheval de Marc-Aurèle au Capitole [f] est bon comme travail et vivant comme mouvement, mais en lui-même c’est un animal désagréable à voir ; il reproduit peut-être fidèlement un cheval de bataille de l’empereur. — À Florence (Uffizi [g], vestibule intérieur), le cheval trouvé près du groupe des Niobides est un ouvrage décoratif médiocre. — Le cheval d’airain, trouvé en 1849 au Trastevere, malheureusement très morcelé (Nouveau Musée du Capitole [h], 6e salle), est peut-être le cheval de l’antiquité le plus vivant et le plus naturel.

Parmi les lions, le plus grand de ceux qui se trouvent devant l’arsenal, à Venise [i] a le privilège de l’âge (il provient, comme on sait, du Pirée). Le lion couché, de l’autre cêté de la porte, doit s’être trouvé sur le chemin qui conduit du Pirée à Athènes. Il paraît moins jeune et cependant de formes plus parfaites que le lion assis ; mais il a une tête moderne et de fortes dégradations. (Les deux petits sont de moindre importance.) —Le lion marchant, en bas-relief, près du grand escalier du Palais Barberini, à Rome [j] passe pour le plus beau. — Un lion qui marche, de formes parfaites, et d’un bon travail romain, mais défiguré par des jambes modernes lourdes, se trouve près de l’escalier du Musée de Naples [k]. — L’un de ceux qui se trouvent devant la Loggia de’ Lanzi, à Florence [l] est certainement meilleur. (L’autre est moderne, c’est une œuvre de Flaminio Vacca.) Parmi un nombre considérable de groupes représentant la victoire du lion sur le cheval, celui qui se trouve dans la cour du Palais des Conservateurs, au Capitale [m] est un exemplaire excel-