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les chambranles et les frontons, de sorte qu’ils n’échappent que trop facilement à l’œil.

Le plus grand nombre se trouvent peut-être dans la Villa Albani [a], galerie latérale de droite, vestibule du Café, etc.) ; la plupart si semblables de dimensions et de travail, qu’ils pourraient provenir du seul et même édifice. — D’autres au Vatican [b], surtout dans la cour du Belvédère, aussi dans l’appartement Borgia. Ceux-ci peuvent avoir servi de simples décorations. Comme bouches de vapeur, il y a immédiatement à nommer quatre têtes presque achevées au Musée de Naples [c] (6e salle), idéales, non caricaturées et d’un très bon travail encore. Peut-être la tête colossale de la Vénus d’Albe au Musée de Turin [d] en est-elle un aussi. Par contre, d’autres bouches de vapeur montrent la comique expression d’une figure dont les joues sont gonflées d’air ; ex. : les bouches en marbre rouge à l’escalier de la Villa Albani [e] et à la Villa Ludovisi (vestibule) [f], toutes deux de profil (bas-relief).

La Bouche de la Vérité, grandiose, mais très ruinée, servait d’impluvium on d’écoulement aux eaux dans le vestibule de S. Maria in Cosmedin à Rome [g] ; c’est probablement un Océan. De même un superbe masque de Pan de la Villa Albani [h] (salles latérales à droite). — Un bon relief, trois masques tragiques groupés ensemble, aux Uffizi de Florence [i] 2e corridor ; du côté opposé, est un masque de satyre en bas-relief.

Enfin, il y a une forme du Mythe grec qui ne se trouve qu’en masque : la tête de la Gorgone pétrifiée, amenant la terreur et la mort, Méduse. L’art ancien la représentait faisant une grimace, qui ne pouvait provoquer qu’une répulsion pareille à celle qu’inspirent les dragons de guerre chinois. Plus tard parut le type que nous admirons, par exemple, au Vatican, dans le colossal masque de Méduse, de l’époque d’Adrien, au Broccio Nuovo [j]. Parmi les boucles, semblables à des serpents, apparaissent des têtes puissantes, largement modelées, belles et impitoyables, mais en même temps comme glacées elles-mêmes d’une secrète épouvante : c’est seulement ainsi que cette impression pouvait se produire sur le spectateur. C’est le document le plus important de l’art grec pour la représentation de l’horrible et du démoniaque. — Malheureusement on ne trouve plus, à l’escalier du Palais Colonna à Rome [k], que la copie en plâtre d’une tête de Méduse du célèbre relief colossal en porphyre. — Méduse de profil, salle principale de la Villa Ludovisi [l], exécutée probablement dans la première moitié du IVe siècle avant J.-C., et intéressante à cause de la chevelure mouvementée en serpents qui encadre les traits mourants du visage : c’est, par le mélange d’horreur funèbre et de beauté, l’une des œuvres les plus géniales de l’antiquité.

En somme, parmi les masques, ce sont ceux de la comédie qui ont une grande supériorité, comme nous l’avons déjà remarqué ; ils dominent aussi