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soi-disant Sylla [a] est frappant, lorsqu’il est vu de face, par sa ressemblance avec Napoléon, de qui le front n’avait pourtant ni une si noble forme, ni un modelé aussi achevé ; là aussi, plusieurs bons personnages anonymes ou de désignation inexacte ; le meilleur est celui qu’on appelle (sans motif) Aratus [b] ; il regarde en l’air et de côté d’une manière spirituelle : c’est un Grec de l’époque des Diadoches ; une aimable petite tête de femme, au menton caché, est faussement désignée sous le titre de Vestale [c]. Pompée et Brutus [d] (trouvés à Pompéi en 1869) ; le dernier plus jeune que celui du Capitole, à l’air réfléchi et expressif.

Aux Uffizi de Florence : vestibule intérieur : un bon exemplaire dudit Sénèque [e] ; — 1er corridor : Marcus Agrippa [f], traits classiques avec l’expression d’une profonde taciturnité ; — salle des Inscriptions : un bel exemplaire achevé de la tête qui dans la collection du Capitole est désignée comme un Cicéron [g] ; le triumvir Antoine [h] est une œuvre superficielle, qui a pourtant quelque chose de la sorte de grandeur que nous prêtons à cet homme ; un Romain anonyme [i], qui, à l’exception de la chevelure, rappelle le grandiose Scipion des PP. Jésuites de Naples ; — salle de l’Hermaphrodite : excellentes têtes d’expression, pour ainsi dire, officielle ; une belle femme du même type matronal que l’on prête généralement à Livia, avec de nombreuses boucles roulées ; — deuxième salle des Bronzes, sixième vitrine : quelques excellentes petites têtes de bronze et des statuettes [j], parmi lesquelles une très petite mais excellente statuette d’homme en toge, assis.

Dans la salle du rez-de-chaussée du Palais Riccardi [k], en dehors d’une quantité de têtes idéales (parmi lesquelles un bel Apollon et un plus médiocre, deux Athlètes, une soi-disant Sapho), un bon portrait romain, à la mine renfrognée et aigrie, se trouve dans un corridor latéral de droite,

Au Campo santo de Pise (près de XL) [l] : Marcus Agrippa, moins bien conservé, mais tout aussi authentique que la tête florentine. (Là aussi plusieurs têtes de dieux d’un bon travail. La tête désignée comme Brutus, près de IV, est évidemment moderne.)


C’est en vain que l’on cherche des renseignements sur l’origine et le premier usage des Masques de marbre, si fréquents et souvent si bien réussis. Si l’archéologie n’a rien à objecter, nous hasarderons à ce sujet quelques innocentes hypothèses, qui seront prêtes à retourner dans le néant devant des faits bien et dûment établis.

Dans les beaux jours de l’antique Athènes, en même temps que la tragédie et la comédie commençaient à fleurir, l’art a dû atteindre une hauteur considérable en faisant des masques comiques et tragiques pour la scène. Le Grec, comme on sait, supportait plus volontiers au théâtre un visage et une taille artistiques (au moyen du cothurne) que la physionomie personnelle d’un acteur quelconque ; celle-ci, fut-elle douée de la plus grande beauté, ne lui aurait jamais offert les traits idéaux qui paraissaient insépa-