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les statues demi-nues assises sur le trône sont préférées aux figures nues et debout ; dans celles-là l'œil s'attend à voir un portrait, et trouve sans déplaisir des figures idéalisées tandis que chez celles-ci il s'attend à une tête de héros idéal et ne trouve que des traits bien connus.


Les impératrices ne sont distinguées par aucun ornement particulier des statues d'autres dames romaines[1]. Les œuvres les plus précieuses ont été citées à l'occasion des statues drapées de femmes ; les impératrices représentées en déesses, souvent en Vénus, par exemple, montrent le même contraste entre le réel et l'idéal que les statues nues d'empereurs.

Les têtes et les bustes d'empereurs romains et de leurs proches sont véritablement innombrables. Nous pouvons d'autant moins entrer dans les détails, que le spectateur est déjà conduit aux œuvres les plus importantes par un intérêt historique. Cependant quelques remarques pourront trouver place ici.

Une grande collection particulière de bustes d'empereurs est exposée dans la Stanza degli Imperatori du Museo Capitolino [a]. On ne trouve là que des exemplaires, pour la plupart médiocres, des meilleurs siècles ; par contre, la série des empereurs du iiie siècle y est représentée comme nulle part ailleurs, probablement à l'aide de baptêmes très risqués. Les meilleures têtes colossales sont dans la Sala rotonda du Vatican [b]. La grande collection florentine des empereurs Uffizi [c], 1er et 2e corridor) contient beaucoup de têtes médiocres et incertaines (même modernes, comme Othon et Nerva). Il faudra constamment consulter les meilleurs bustes des autres galeries.

C’est en vain que l'on cherche dans les collections publiques de Rome et de Naples une image parfaitement digne du grand César ; aucune ne surpasse le buste de basalte et la tête de la statue en toge du Musée de Berlin. La statue de la salle du bas du Palais des Conservateurs au Capitole [d], à laquelle on renvoie généralement, est vraiment un travail médiocre. Une tête, qui m'attirait toujours à nouveau, malgré son exécution très superficielle, se trouve au Musée Chiaramonti au Vatican [e] : c'est César en Pontifex Maximus, la toge recouvrant la tête, avec les traits sérieux et souffrants de ses dernières années. Au nombre des meilleures têtes est aussi le buste florentin en marbre (Uffizi [f], 1er corridor, fortement poli et restauré) ; la tête de bronze qui se trouve dans le voisinage représente une autre personne.

La plus belle tête d'Auguste est incontestablement la tête en bronze de la bibliothèque du Vatican [g]. Les bustes et les statues de tous les âges (depuis Auguste adolescent au Musée Chiaramonti [h]) et de toutes les manières se rencontrent partout.

La maison d'Auguste est composée de têtes normales et pleines de ca-

  1. Le diadème lui-même pouvait appartenir à d'autres femmes, aussi bien que la coiffure d'apparence très mobile. Comp. page 153, note 2.