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appelé aussi Alcée on Pindare, dans la salle de la Villa Borghese [a] dite salle du coin : c’est un bon travail avec des restaurations douteuses ; — le Lycurgue demi-nu au Vatican (salle des Muses) [b] etc. ; — plusieurs très illustres philosophes, dont les traits ne sont peut-être pas tout à fait authentiques, au Café de la Villa Albani [c]. On est d’autant plus sûr de voir Ésope dans une statue mutilée (5e salle du premier du Casino de cette Villa) [d], que c’est le type idéal du bossu plein d’esprit, nu et difforme, mais magistralement conçu en son genre.

Le Démosthènes du Braccio Nuovo au Vatican [e], copié apparemment d’après un original de Polyeuktos[1], rend très bien l’expression d’une puissance oratoire péniblement acquise ; — la tête de l’Euripide [f] qui s’y trouve est celle du poète, mais le torse n’y était pas joint à l’origine. — Au même endroit se trouve encore un philosophe sans nom.

Zénon le stoïcien [g], au Museo Capittolino (salle du Gladiateur mourant), avec son cou très court, son pas rapide, sa poitrine large, son manteau tiré sur le corps, ses traits durs, est un véritable spécimen de la caractéristique grecque, qui savait changer l’homme entier en un caractère (la dénomination est très incertaine). On peut, soit dit en passant, en présence de cette statue et des précédentes, se convaincre que les Grecs surtout donnaient, et cela volontairement, une draperie de convention à certaines statues historiques. On se tromperait fort, si l’on croyait qu’Euripide et Démosthènes aient véritablement circulé demi-nus dans les rues d’Athènes. Mais ce costume idéal est une simplification de la réalité : c’est le manteau ou le péplum sans la tunique. On ne peut pas ainsi simplifier tout costume ; le nôtre ne permettrait pas même un essai.

Parmi les statues assises presque entièrement vêtues, les deux poètes comiques Ménandre et Posidippe [h] occupent une place importante (Vatican, Galleria delle Statue) ; surtout le premier, dont la pose et la physionomie nous apparaissent à la fois simples et fines, sérieuses et cordiales ; selon les circonstances, il se présentera comme un bouffon ou comme un grand esprit.

Au Palais Spada à Rome (première salle du bas) : Aristote [i] écoutant, réfléchissant, avec des traits acerbes et chagrins qui ont été beaux autrefois (les yeux sont inégaux) ; la pose et la draperie absolument sans prétentions. (La dénomination subsiste à cause du fragment qui s’est conservé de l’inscription du nom.) Il n’est pas très sûr que le torse appartienne à cette tête.

Dans le vestibule de la Villa Ludovisi à Rome [j] : une statue inconnue, admirablement drapée (avec une tête romaine ?), désignée comme l’œuvre de Zénon, fils d’Attinos, d’Aphrodisias.

  1. À restaurer avec les doigts repliés au lieu de tenir un rouleau à la main.