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bandon, mais aussi pur le travail ; sa draperie apparaît dans cet ouvrage comme un chef-d’œuvre de l’art grec postérieur. Le nom du sculpteur qu’on lit sur le support est : Ménélaos, disciple de Stéfanos. (On voit encore des traces de dorure sur les cheveux.)

Dans les groupes de Bacchus et d’Ampelos, deux êtres divins sont représentés ensemble ; l’un supérieur, l’autre inférieur, l’un plongé dans une rêverie profonde, l’autre servant d’appui et engageant au mouvement par une expression malicieuse (v. p. 112, 113). Malheureusement le meilleur exemplaire s’écarte considérablement de la disposition des autres et ne permet pas de jugement plus précis à cause de son état de délabrement.

Le groupe déjà cité de Pan et du jeune satyre Olympos (v. p. 121), qui prend une leçon de flûte, nous montre un maître et un élève, mais d’une espèce particulière. Le petit groupe du Vatican, mentionné également, et qui nous montre Pan retirant une épine du pied d’un satyre, fait regretter, comme celui-là, un bon original disparu.

En fait de couples amoureux, il n’y a qu’Amour et Psyché (v. p. 110) qui ait été exécuté dans l’intention d’exprimer l’intimité profonde, ou bien les autres du même genre ont été perdus pour nous. Les sujets de ce genre n’étaient pas aussi bien compris par l’art antique que par l’art contemporain ; aussi Amour et Psyché est-il une création postérieure.

Par contre, il représentait magistralement des groupes plus sensuels, qui ne sont pas toujours mis au grand jour dans les collections italiennes. Nous avons mentionné en son lieu le Triton enlevant une Néréide (p. 123, B).

Dans le groupe de « Mars et Vénus », auquel vient se joindre généralement un petit Amour (grand exemplaire dans la grande salle du Musée Capitolin [a] (v. p. 79, B) ; petit exemplaire an Musée Chiaramonti du Vatican' [b] et dans la salle de Tyrtée de la Villa Borghese [c]), les rapports des deux amants sont inégaux ; la déesse cherche à retenir auprès d’elle le dieu boudeur, ou prêt à partir pour le combat. Ce groupe paraît avoir été abaissé assez souvent au rang de statues-portraits, et n’existe, en général, qu’en médiocre exécution. — (Hercule et Omphale, dans le groupe déjà cité (p. 75, D) du Musée de Naples [d], 4e salle.)

Un certain nombre de couples d’amoureux, très médiocrement exécutés en général, dans diverses collections, sont pour la plupart restaurés jusqu’à être méconnaissables. Parfois les restaurateurs ont réuni en groupes des figures qui ne vont pas ensemble.

Au musée de sculpture de l’Opéra de la cathédrale de Sienne (autrefois à la librairie de la cathédrale) [e] se trouve le groupe très mutilé, peut-être assez moderne, des Trois Grâces entrelacées, provenant évidemment d’un splendide original ; la reproduction est encore d’un grand charme dans les contrastes et dans le croisement des lignes[1]. Raphaël fut inspiré par

  1. Ce sujet se trouve aussi sur des bas-reliefs et des peintures pompéiennes.