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trouve au Musée de Naples [a] (2e salle des Bronzes), contient, à côté des plus grandes figures déjà nommées, des œuvres comme le Bacchus écoutant (Narcisse ?), le merveilleux Silène dansant, la statue de fontaine d’un Pêcheur à la ligne, une Amazone à cheval, mais peu de premier ordre ; la Pallas, le Jeune Homme coiffé d’un casque, plusieurs Satyres dansant, la Petite Femme voilée, etc., mêlées à de nombreux travaux romains. Il semble aussi que, parmi les terres cuites du même musée (5e salle des Terres cuites [b]), les meilleures manquent. (La Porteuse d’amphore et la Danseuse voilée, — toutes deux de premier ordre, — ne se trouvent en Italie qu’en copies.) — La collection florentine (Uffizi [c], 2e salle des Bronzes) contient bien des choses distinguées et en même temps plus favorablement exposées. Au Musée de Parme [d], quelques très bonnes choses, la plupart de Velleia ; ce qu’on a trouvé à Monteu da Po est à Turin [e]. — Si nous voulions entrer plus avant dans le style et la raison d’être de ces petits chefs-d’œuvre, cela nous mènerait trop loin ; peut-être le spectateur est-il attiré rapidement vers eux par une certaine prédilection, et alors il devra reconnaître que l’art, même dans ces proportions parfois minimes, n’a renoncé à aucune de ses grandes et immuables lois. Les plus petites figures sont d’une conception plastique sans défaut ; le charme et la gentillesse de l’ensemble ne servait pas à couvrir des formes et des lignes faibles. On sent que ce n’est pas un décorateur qui joue l’artiste, mais que l’art, capable de produire tout ce qu’il y a de plus grand, se délasse par des œuvres mignonnes pour sa propre jouissance. Naturellement il ne s’agit ici que des meilleures et des plus anciennes, car les romaines ne sont, en partie, que de faibles œuvres de fabrique.

Dans les collections romaines se trouve un nombre considérable de statuettes de marbre qui, malgré leur exécution médiocre, ont pourtant un intérêt particulier. C’est qu’elles sont presque toutes généralement (et même là où l’on ne peut le prouver directement) de petites reproductions de grandes statues et servent, pour cette raison, de documents irréfutables pour l’appréciation des grands originaux. Que l’on remarque, en dehors de cela, la simplicité du travail, qui est en opposition directe avec le léché et le joli des modernes copies d’albâtre. On ne demandait évidemment, au copiste antique, que de rendre le motif de l’ensemble en moyenne ; le reste était complété par l’imagination et la mémoire. (Endroits principaux : le Musée Chiaramonti et la Galleria de’ Candelabri au Vatican [f], ainsi que les salles de derrière de la Villa Borghese [g]. Quelques-unes dans le Palais des Doges à Venise [h], Camera a Letto, et dans la salle des petits marbres au Musée de Naples [i].)

Pour la tâche la plus haute et la plus difficile de la sculpture, la formation de groupes isolés, l’antiquité nous a laissé au moins un certain nombre de modèles, plus ou moins bien conservés, dans lesquels les lois éternelles de ce genre sont bien arrêtées devant nous, quand même ce ne