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attitude de défense (Galleria de’ Candelabri au Vatican [a]) ; et, en dehors de l'Italie, deux figures semblables, l'une au Musée d'Aix, l'autre à Saint-Germain, près de Paris. Si l'on voulait y ajouter les deux statues équestres de mêmes dimensions que nous voyons au Musée de Naples, un chef grec (2e corridor), et une Amazone ou une Barbare qui tombe de cheval et expire [b] (4e salle), il ne serait que juste de prendre en considération les fortes retouches qu'on y a faites.

En outre, les arcs de triomphe, et autres monuments commémoratifs de victoires romaines, ont fourni nombre de bas-reliefs, de statues et de têtes de Barbares prisonniers. Les figures vêtues portent des bonnets, des tuniques à manches, des braies et des manteaux comme les Asiatiques, sans doute une tradition provenant de l'arc grec. Sur l'arc de triomphe de Septime Sévère, où l'on a représenté de véritables Asiatiques, des Parthes, etc., les boucles de la chevelure sont particulièrement accentuées. On a prétendu que deux belles statues qui décorent l'atrium du Palais des Conservateurs au Capitole [c] ont un costume qui rappelle le costume illyrien : nous ne pouvons nous prononcer à ce sujet. Ce sont les trois têtes colossales de Daces [d] exposées au Braccio Nuovo (Vatican) qui font connaître le plus clairement quel était le type du Barbare : front morne et triste, œil enfoncé, nez long et oblique (dans les figures où il n'a pas été restauré), des moustaches, la bouche détendue et à demi ouverte ; enfin la lèvre inférieure et le menton sont très caractéristiques. Sur d'autres statues, le désordre des cheveux est accentué, le nez est presque camus, les lèvres ne portent qu'une petite moustache.

Il y a une remarquable statue de Barbare dans la 14e salle du Palais de Latran [e], et une autre au Musée de Naples [f]. Le Barbare vaincu était très heureusement employé comme motif de cariatide ; c'est ainsi qu'autrefois, dans le temple colossal d'Agrigente, de gigantesques Africains soutenaient la corniche du bâtiment intérieur. Les figures si bien conçues qui soutiennent la corniche dans le Tepidarium des bains de Pompéi [g] sont peut-être une imitation réduite de ces cariatides d'Agrigente. Ce sont quatre types différents exécutés en terre cuite, et qui alternent. Quant aux deux cariatides agenouillées, en marbre blanc et violet (Paonazzetto) conservées au Musée de Naples [h] (2e corridor), ce ne sont pas des Africains, mais, malgré leur tête et leurs mains noires, des Barbares du type celtique que l'art a consacré.

Une autre figure agenouillée, qui porte sur l’épaule un vase restauré (Galleria de’ Candelabri au Vatican) [i], est regardée comme un des esclaves qui accompagnaient Priam, dans la tente d'Achille, et portaient les présents. Une des statues de Barbares les plus célèbres, le Rémouleur (l'Arrotino), exposée dans la tribune des Uffizi de Florence [j], a été prise à tort dans ces derniers temps, par plusieurs critiques d'art, pour un ouvrage moderne. C'est un homme assez âgé, accroupi, qui aiguise, en regardant en l'air, un large couteau sur une pierre ; on le considère comme