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sont vraiment communes, ce qui distingue le plus ce type de celui des athlètes, par exemple. La chevelure hérissée, la moustache et le torques (collier gaulois) complètent cette impression, et pourtant il reste une beauté de race toute particulière que l’artiste a rendue avec une entière ndélité. Remarquons que l’héroïque barbare meurt sur son bouclier. L’objet long et recourbé qui est à côté de lui est une trompette de guerre. Le groupe de la Villa Ludovisi, œuvre brillant du plus grand pathétique. représente un Celte qui a tué sa femme et se poignarde aussi pour échapper à la captivité. Les restaurations et les retouches n’ont pas réussi à effacer le caractère de la race. (Il sera plus facile de critiquer le bras droit que de le refaire ; la femme est retouchée d’une manière déplorable, surtout de face, ce qui contraste fortement avec les parties intactes, les pieds par exemple, cette prétendue restauration a gâté malheureusement le seul type absolument certain qui nous reste de la femme barbare.) Ce qui est admirable et saisissant, c’est l’expression du moment, le geste énergique et désespéré de l’homme retenant encore sa femme qui vient de tomber morte, selon l’esprit de l’art antique, les affres de la mort ne sont indiquées que par les yeux éteints, par une légère contraction de la bouche et la pose on ne peut plus expressive des pieds.

Les Celtes sont aussi représentés, sur quelques sarcophages, dans leurs luttes avec les Grecs et les Romains. Nous citerons, non pour leur valeur artistique, mais parce qu’on croit démêler un souvenir de ces groupes de combattants dont nous avons parlé, les sarcophages qui sont dans les salles du rez-de-chaussée du Musée Capitolin [a] et dans le vestibule de la Villa Borghese [b] ; d’autres sont conservés ailleurs. On peut considérer comme restes de ces groupes que nous avons mentionnés un certain nombre de statues de combattants morts ou mourants, en demi-grandeur naturelle, dispersées dans diverses collections, surtout italiennes ; dans les temps modernes, Brunn les a identifiées avec raison aux offrandes sacrées du roi Attale qui avaient été placées sur le mur méridional de l’acropole d’Athènes : ces figures représentent la lutte des dieux contre les géants, le combat des Athéniens et des Amazones, la rencontre de Marathon et l’extermination des Gaulois en Mysie par Attale. On voit d’abord au Musée de Naples (3e corridor) quatre de ces statues [c] : un Perse mort, avec son bonnet et des braies ; il est armé d’un bouclier et d’un sabre recourbé ; un géant nu, étendu mort, de formes grandioses et sauvages ; une Amazone morte et un Gaulois qui tombe, dans une attitude analogue à celle du Gladiateur, mais en bens contraire : toutes ces statues sont très bien conçues, mais l’exécution est plus ou moins embarrassée. — Au Palais des Doges à Venise [d], trois figures qu’on regarde avec raison comme des Gaulois : deux s’affaissent et rassemblent leurs dernières forces pour repousser leur ennemi ; le troisième, un beau jeune homme, est étendu mort.

À cette série appartient encore un Perse, le genou en terre, dans une