Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus jeune, est comme soulevé au-dessus de terre par sa danse et pousse un cri de joie qu’on croit entendre.

Au Musée de Latran [a], une très bonne statuette de satyre (dont un artiste en restaurant les bras, a fait un danseur qui joue des castagnettes), est, selon Brunn, dont l’opinion a la plus grande vraisemblance, une copie d’après Myron : ce serait Marsyas se précipitant avec une joyeuse surprise sur les flûtes que Minerve vient de rejeter. Il ne faut pas manquer de comparer cette œuvre, eu égard au mouvement choisi, au Discobole de Myron (Sala della Biga du Vatican),

Enfin il est essentiel de citer les motifs qui mettent en rapport les satyres et le vin, dont la qualité, la préparation et l’action sont principalement figurées avec eux et par eux. (Les génies et les Amours préparant le vin sont, en général, des inventions postérieures et plus faibles.) Les bas-reliefs donnent un cycle d’images complet ; nous sommes obligé de nous restreindre aux statues.

Déjà la grappe cause au satyre un plaisir sensuel : il la tient en l’air et la contemple avec une gaieté mêlée de désir, que l’art exprimait volontiers avec raffinement. Le Fauno di rosso antico du Musée Capitolin [b], salle du Faune, est un chef-d’œuvre. C’est une statue moderne dont une bonne moitié est restaurée, mais ce qui reste du trait primitif est un modèle de la manière dont on traitait un satyre. Une reproduction en marbre dans la grande salle du même musée [b*] : un bon exemplaire, également en rosso antico, dans le Gabinetto delle Maschere au Vatican [c]. D’autres copies se voient encore ailleurs.

Si ce type rend bien la hardiesse du satyre adulte, d’autres statues nous présentent le même motif avec une figure plus jeune et plus noble, et nue expression plus calme ; ce sont des figures élancées en marche, dans le genre du satyre qui porte Bacchus enfant ; par malheur, presque toutes sont fortement restaurées, de telle sorte cependant qu’on peut deviner un original excellent qui devait réaliser un idéal particulier de forme et de mouvement souple et juvénile. Trois exemplaires de valeur inégale se trouvent au Musée de Naples[d], 3e salle ; un autre, en marbre de Paros, avec une tête authentique, très noble, mais d’une exécution indécise, aux Uffizi à Florence [e], 1er corridor.

À ce groupe appartiennent encore les œvres qui suivent. Le beau satyre à la corne d’abondance dont l’expression idéale est tellement frappante qu’il est placé sans entourage, dans la grande salle de la Villa Ludovisi [f][1]. Dans le groupe qu’on appelle Bacchus et le Faune (second corridor des Uffizi de Florence) [g], la seule partie ancienne d’un bon travail est le torse de la première figure, qui appartenait sans doute à un satyre jeune et de type noble. À côté, le petit Faune accroupi est moderne, ainsi que tout le reste. Un très beau torse de satyre du même

  1. Une répétition est au Musée de Palerme.