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SCULPTURE ANTIQUE.

Le charmant « Narcisse » écoutant l’écho, au Musée de Naples [a] (Bronzes, 2e salle), est probablement aussi un jeune Bacchus.

Bacchus enfant est avec Silène dans un groupe dont nous parlerons plus bas ; un groupe dans la cour du Palazzo Lante à Rome (voyez plus bas), le représente comme nourrisson dans les bras d’ion Leucothée [b].


Les bas-reliefs, ainsi que les sarcophages, où le dieu est figuré dans les poses et les actes les plus divers, nous le montrent assez souvent avec Ariane qu’il a sauvée, et qui, une fois admise près de lui, devait être faite à son image. Nous n’avons pas de statues où Ariane, compagne de Bacchus, soit représentée seule ; cependant on a pris longtemps pour Ariane une des plus belles têtes de l’antiquité (Museo Capitolino [c], salle du Gladiateur mourant), jusqu’à ce que de nouveaux chercheurs[1] aient cru y reconnaître un tout jeune Bacchus. Les yeux, les joues et la bouche expriment justement ce qu’il y a de plus beau et de plus suave dans le type de Bacchus : l’abandon dans une douce volupté et un bien-être indicible. Dans la salle du Faune, qui fait suite, se trouve une tête moins remarquable [d], quoique belle encore, dont le vrai nom reste douteux. (Les yeux sont destinés à être Incrustés d’une autre espèce de pierre, comme beaucoup d’autres têtes.)

La belle statue qui, aux Uffizi de Florence, premier corridor, se nomme Ariane [e] a une tête antique de bacchante qui ne lui appartient pas ; le corps a dû être celui d’une Muse ; le côté gauche, presque vertical, présente deux tronçons qui montrent qu’elle a dû s’appuyer sur quelque chose. Il faut faire abstraction des deux bras.


Ce caractère, pur et divin dans Bacchus, reflète chacun de ses traits, comme des rayons, sur les personnages de la suite ; c’est la joie de la nature à tous ses degrés, selon la manière d’être plus noble ou plus vulgaire de chacun. Il faut se représenter le « Thiasos » comme un ensemble, comme le trait caractéristique de la scène, ainsi qu’il est figuré dans plusieurs excellents bas-reliefs, dans beaucoup d’images de tombeaux, assez bonnes ou médiocres, et sur beaucoup de vases. Mais déjà l’art des meilleurs temps, déjà des maîtres tels que Praxitèle, ont compris les figures individuelles de cet ensemble comme des épisodes, et les ont traitées à part, et ce sont précisément les imitations de ces œuvres qui remplissent les galeries.

Toutes ces figures ont un trait d’animalité plus ou moins accentué ; certaines parties du corps sont même empruntées aux animaux. C’est seulement ainsi qu’elles expriment la parfaite jouissance, le bien-être et cette pétulance sans frein à laquelle elles s’abandonnent.


Le groupe principal se compose de Satyres. (Le nom romain et ita-

  1. À cause des petites cornes qu’Ariane n’a jamais.