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peut pas bien comprendre l’humeur de son maître, et y réfléchit. Le groupe qui autrefois était peut-être le meilleur de ce genre, œuvre belle, mais mal disposée, dans la Villa Borghese [a] (salle principale), montre le type le plus complet et le plus noble du dieu ; mais Ampelos est en grande partie détruit. Bien conservé ou restauré, mais d’une conception moins élevée, est Bacchus avec Ampelos marchant, au Musée Chiaramonti du Vatican [b] ; — celui qui se trouve au Palais des Doges à Venise [c] (corridojo) lui ressemble, mais il est plus petit et moins remarquable ; — un autre, dans la salle principale de la Villa Ludovisi [d], accompagné d’un Ampelos à l’air impudent, est monumental et d’un style ampoulé ; — une statue, plus petite, bon travail romain, exposée aux Uffizi [e] (salle des Inscriptions), est, par suite de la restauration qui comprend aussi la base, tournée trop à gauche du spectateur ; — une autre, travail décoratif sans finesse, exécuté en vue d’un certain effet architectural, est dans la Galerie de Parme [f][1] ; — enfin il existe, comme pendant, un Bacchus avec un Amour ailé, dans la 2e salle des Bronzes au Musée de Naples [g] ; on y voit aussi une excellente statuette de Bacchus le thyrse en main. Le plus grand nombre des figures de Bacchus sont des œuvres romaines sans importance ; quelquefois le motif en est bon, mais l’exécution lourde, l’art ayant cherché à exprimer la nature riche et délicate de Bacchus par des formes larges et opulentes. Telles sont les statues de Tor Marancio, dans la Galleria de’ Cantelabri du Vatican [h], et celles du Musée de Naples [i] (2e salle) : la meilleure est celle qui a été fortement restaurée. Plusieurs, et des meilleures, sont à la Villa Borghese [j]. Dans un groupe original, trône Bacchus (?), et à côté de lui est une enfantine figure de jeune fille ; c’est une œuvre déjà moderne, mais positivement remarquable (même Villa, salle du Faune) [k]. — Quand le dieu a auprès de lui une de ses panthères, on trouvera toujours l’animal relativement très petit, ce qui fait qu’on a déjà voulu y voir un lynx, etc. Mais l’art grec, qui a représenté des chevaux plus petits que les cavaliers se tenant à côté, et même les fils de Laocoon dans des proportions moindres que leur père, a pris également la liberté de réduire les tigres et les panthères d’une longueur de six pieds à une dimension qui permît au dieu de dominer.

Nous devons citer enfin les deux charmantes figures de bronze (Florence, Uffizi [l], 2e salle des Bronzes, 3e vitrine) qui représentent Bacchus comme un adolescent de taille svelte ; dans l’une, il élève des deux mains des grappes de raisin ; dans l’autre, il rejette ses bras par dessus sa tête, qu’il penche à gauche en regardant la terre, avec l’expression de la plus douce mélancolie que ne rend aucune autre image en marbre du dieu.

  1. Cet exemplaire colossal a été trouvé dans les jardins Farnésiens sur le Palatin, avec un Hercule qui lui faisait face. L’Hercule est de même fait pour être regardé d’en bas. — Comparez, page 74, note 1.