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SCULPTURE ANTIQUE.

place. Ses statues ne nous présentent que le type inventé par l’art grec accompli du ive siècle et reproduit dans la suite.

Une des plus gracieuses figures, imitée peut-être de Lysippe, qui montre l’adolescent faisant un léger effort, l’Amour bandant son arc, ne nous est parvenue que mutitée ou médiocrement exécutée. Le meilleur est encore celui du Vatican (Museo Chiaramonti) [a] dans ses parties anciennes ; ensuite il faut placer celui qui est dans la salle ovale de la Villa Albani [b], et celui qui est dans la galerie supérieure du Musée du Capitole [c]. Le mieux conservé se trouve au Palais des Doges [d] à Venise (Camera a Letto) ; la tête est de restauration antique. La peau de lion qui recouvre le tronc où s’appuie le Cupidon de Venise fit snpposer une variante du sujet, c’est-à-dire Cupidon essayant l’arc d’Hercule. Mais selon le motif d’un camée et d’un bas-relief de sarcophage, l’action consiste plutôt à tirer la corde de l’arc au delà de l’extrémité de l’arc.

Vis-à-vis de ce petit archer malin se tient un jeune dieu de l’Amour. Bien plus sérieux et plus développé apparaît le Cupidon sans doute imité de Praxitèle, dans le torse du Vatican (Galleria elle statue) [e], connu autrefois sous le nom de « Génie du Vatican ». La tête étroite, aux boucles emmêlées sur le front, exprime un sentiment qui n’est ni de la langueur ni de la tristesse, mais qui tient le milieu entre les deux et fait la nature intime de ce dieu. Les formes sont d’une beauté juvénile qui est devenue un type pour la statuaire (sur le dos on voit l’attache des ailes). Un exemplaire moins important, mais conservé jusqu’aux genoux, se trouve au Musée de Naples [f], 3e salle. Une copie, petite, mais mieux conservée dans quelques parties, se voit dans la Galleria de’ Cantelabri du Vatican [g]. Récemment, on a exposé dans le Nouveau Musée du Capitole (Palais des Conservateurs) [h] une reproduction qui portait la lyre et, à ce qu’il semble, le plectrum, en sorte qu’on ne sait s’il faut y voir un jeune Apollon ou un Cupidon.

La belle statue des Uffizi à Rome (salle de l’Hermaphrodite), qui s’appelle le « Génie de la Mort » [i], mais qui a été restaurée en Cupidon, unit la précoce jeunesse de l’Amour qui tend son arc à une expression sérieuse, mais non sentimentale. Il ne regarde pas devant lui, mais à gauche, vers la terre, et tient sa main droite sur son épaule gauche (travail inégal, restauré jusqu’au bas depuis la moitié des cuisses). A-t-on voulu personnifier le Sommeil, la Mort ou le fils de Vénus ? nous ne saurions décider.

Le groupe que nous trouvons plus tard seulement en sculpture : l’Amour caressant Psyché, est d’une belle expression, mais les lignes des deux corps ainsi que l’exécution n’ont qu’une valeur médiocre. Même l’excellent exemplaire du Capitole [j] (salle close de Vénus), ne fait pas absolument exception. L’exemplaire de Florence [k], Uffizi (salle de l’Hermaphrodite), n’est guère remarquable. Plus tard encore, dans de nombreux sarcophages, les deux enfants deviennent de plus en plus