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fléchit, calcule et attend ; en sa qualité de matrone, elle est représentée la tête ceinte d’un voile.

Citons encore ici la Psyché de l’amphithéâtre de Capoue (maintenant Musée de Naples [a], 3e corridor). Ce n’est plus qu’un torse avec une seule hanche, dégradé par un polissage récent, qui aujourd’hui n’est pas placé dans son axe véritable, mais d’une délicatesse de plastique à enchaîner tous les regards. Pour une Vénus, le bas du visage surtout serait trop virginal ; les yeux aussi sont trop dans l’ombre ; d’après les camées nous aurions plutôt devant les yeux une Psyché attachée au tronc d’arbre. Nous y devinerions encore une figure d’une conception analogue à la « suppliante ».

Il est souvent très difficile de rapporter avec certitude à ce type des têtes isolées. Je crois reconnaitre, par exemple, dans une tête du Musée de Naples [b] (3e salle des Bronzes) une compagne de la Diane chasseresse, sans toutefois en être sûr. C’est la belle et sévère tête de jeune fille, aux cheveux noués par devant en couronne, qu’on appelle aujourd’hui Bérénice.

Comme divinités des sources, les Nymphes furent naturellement prises pour sujet des statues qui ornaient les fontaines. Mainte collection en expose ; elles sont en général de petites proportions, toujours à demi vêtues, et tiennent devant elles une conque, ou s’appuient sur une urne : ce ne sont guère que des œuvres décoratives, médiocres d’exécution et souvent même de pensée,

Il faut en excepter pourtant une Nymphe du Musée de Naples [c] (3e salle) qui, au moins, est gracieusement conçue : elle va entrer au bain, du bras gauche elle s’accoude sur l’urne, et de la main droite elle enlève la sandale du pied gauche placé sur son genou droit. Les extrémités sont modernes, ainsi que la tête, mais certainement bien restaurées. Le travail en soi n’est pas du meilleur style romain. Un meilleur exemplaire se trouve aux Uffizi à Florence [d] (corridor de communication). — Une Nymphe endormie, très mal faite (au Vatican [e], Belvédère, entre l’Apollon et les Lutteurs de Canova), rappelle un charmant original, souvent reproduit. Un autre motif d’une beauté toute simple, c’est la Nymphe debout à demi nue, qui appuie la main gauche sur l’urne et la main droite sur sa hanche saillante.

Je ne me souviens d’aucun autre exemplaire qui soit assez bien conservé, si ce n’est celui qui se trouve au Palais Pitti [f] (cour latérale gauche, près de l’Ajax), mais c’est un ouvrage romain de style inférieur. La statue pareille, autrefois si belle, de la Galerie de Parme [g], est moderne en trop de parties.

Le type de Nymphe se transforme en matrone dans la Leucothée, la nourrice de Bacchus : elle est entièrement vêtue, et la ohevelure ceinte de bandelettes. Je ne connais, en fait d’œuvre achevée, que la belle et très noble figure de bronze qu’on voit aux Uffizi [h] (Bronzes, 2e salle,