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Comme déesse de la lumière (Lucifera), comme Lune (Séléné), Diane apparaît généralement toute vêtue[1]. Elle tient des flambeaux (le plus souvent restaurés) ; ses formes se rapprochent de l’un ou de l’autre des types que nous avons décrits. L’art s’efforça d’exprimer la rapidité et la légèreté de la course par un vêtement richement drapé et qui semble bruire en s’agitant. De deux originaux, certainement excellents, l’un représente la déesse dans une course rapide ; dans l’autre, elle s’avance a petits pas et semble flotter ; — il ne nous en reste que des imitations d’une valeur secondaire : ses statues au Museo Chiaramonti [a] et au Cabinato delle Maschere [b] du Vatican. La dernière a cette expression presque amère de la Diane de Versailles ; sa riche chevelure n’est pas nouée sur le haut de la tête, mais flotte librement en arrière. — Le Café de la Villa Albani possède une Diane [c] qui est véritablement planante ; elle repose sur un tronc rejeté en arrière, ses traits sont à la fois graves et aimables. Il y a au Palais Riccardi à Florence (antichambre de l’Académie della Crusca) une Diane marchant [d] qui est mal restaurée.

En comparant aux draperies flottantes de l’école de Bernini les statues de Diane les plus maniérées, on accordera que relativement elles ne se sont pas trop éloignées de la beauté, de la noblesse et de la mesure que l’art antique n’oublie jamais entièrement.

Pour terminer, il ne faut pas omettre un beau petit bronze [e] des Uffizi (salle 2 des Bronzes, vitrine 4).

La statuette en marbre de style archaïque qui représente Diane marchant [f], trouvée à Pompéi (conservée au Musée de Naples, corridor 3 ; voy. plus haut, p. 67 h), est surtout intéressante par les restes de peinture qu’on y distingue.


De même qu’Apollon parmi les dieux, Vénus (Aphroditè) parmi les déesses marque le plus haut point de l’idéal grec, non pas dans son type ancien de reine et de matrone, mais dans la figure qu’elle a reçue à l’époque qui suivit Phidias.

Le type destiné à exercer sur l’art le plus d’influence est le type de l’époque grecque que nous fait connaître la Vénus de Milo (au Louvre). Elle n’est drapée qu’a partir des hanches. Ses formes sont non seulement belles, mais robustes ; elle a quelque chose d’une Amazone ; sur son visage règnent une indépendance et une fierté divines dont nous ne pourrions supporter l’expression s’il était vivant. Comment convient-il de comprendre l’attitude des bras de l’original ? C’est ce qui demeure malheureusement incertain. Nous trouvons en Italie deux répliques célèbres qui rappellent ce type. L’une est la Vénus de Ca-

  1. Il en est ainsi de la Diane du Braccio Nuovo que nous avons citée tout d’abord à cause de sa valeur, et qui représente une Séléné.