Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la grande époque ancienne, ce que semble indiquer le type large et puissant, et surtout la conformation de la tête et du cou. L’un d’eux ainsi que celui qui se trouve, reconstruit pièce à pièce au Bracio Nuovo du Vatican (no 126) [a], et un troisième exemplaire à Naples [b], rappellent un original célèbre, le Doryphore de Polykleitos. Une statue semblable est au Palais Pitti (vestibule intérieur, en haut de l’escalier principal) [c].

Le prétendu Alcibiade de la Salla della Biga, au Vatican [d] est la copie intéressante d’une statue d’athlète du cinquième siècle av J.-C. Il a une très belle attitude de défense, et le visiteur espère qu’elle sera couronnée de succès, car dans toute cette figure règne non seulement la force physique mais une grande résolution morale.

Aux bronzes du Musée de Naples (salle 3 des Bronzes) appartiennent, outre plusieurs belles têtes (comp. p. 80 h) les deux excellentes statues de jeunes gens qui font un pas en avant en inclinant le corps [e]. Dans des œuvres d’un travail si vivant, bien que si simple, le moindre trait a sa signification. Par un examen attentif du mouvement des doigts surtout, et de la pose du bras, on se convaincra qu’on n’a pas sous les yeux des coureurs ou des discoboles regardant le jet de leur disque, mais des lutteurs qui épient le moment de s’attaquer.

Un athlète de bronze très bien exécuté, appelé Idolino [f] copie d’un original du cinquième siècle av. J.-C. ; se dresse aux Uffizi (2e salle des Bronzes) sur un socle magnifique de la renaissance. La même salle renferme (vitrine 6) la statuette d’un lutteur en plein mouvement [g] ; au coude droit, qui est levé, tient encore la main de son adversaire qui n’existe plus.

Ces œuvres, qui vraisemblablement proviennent presque toutes de l’époque romaine, nous font conclure au respect qu’on a toujours eu pour ces figures de bronze des athlètes qui luttaient dans les arènes grecques. La sculpture des époques suivantes doit avoir levé les yeux vers les statues des vainqueurs d’Olympie, comme vers une assemblée qui incarnait la force et la grâce.

Au chapitre des groupes, nous parlerons des deux lutteurs qu’on voit dura la Tribune des Uffizi à Florence.

On sait que les jeunes filles, au moins à Sparte et à Élis, prenaient part à certaines luttes, et il est à croire que la sculpture ne négligea pas les motifs plastiques que ces luttes mettaient au jour. Nous avons encore, au moins dans une bonne copie de l’époque ancienne, une jeune fille prête à la course (Galleria de’ Candelabri au Vatican [h] ; ce n’est rien moins qu’une Amazone ; c’est une figure gracieuse dont l’expression virginale est excellente ? Les cheveux coupés courts sur le front, ainsi que le vêtement court, étaient, au moins à Élis, le costume adopté pour la lutte. Le buste est aussi développé que l’exige la course ; les jambes sont d’un modelé un peu saillant.