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beaux bustes de Bacchus : l’un au Musée Chiarramonti du Vatican [a] ; l’autre en airain, connu aussi sous le nom de Plato (voir plus bas), est conservé à Naples [b], salle des Bronzes.


Parmi les fils de Jupiter, sauf les dieux, le plus puissant est Hercule (Heraklès). Son visage a gardé quelque chose des traits de son père, surtout, pour le front ; cette ressemblance est très frappante dans une fête d’Hercule transfiguré (Vatican, salle des Bustes [c]). D’ailleurs, ce uni prédomine, c’est la passion et une force à l’épreuve de tous les travaux. La passion est quelquefois exprimée par le nez aquilin. Hercule reçut du grand Lysippos, au temps d’Alexandre, son type idéal et consacré. Nous le connaissons avant tout par le torse universellement célèbre ilo l’Athénien Apollonios [d], fils de Nestor (à l’entrée du Belvédère au Vatican). Après l’hymne de Winckelmann, et les discussions fameuses sur la forme originaire de l’œuvre[1], je me contente de faire remarquer à l’observateur la légèreté peu commune et la souplesse du travail unies à l’expression d’une force et d’une masse colossales.

Si cette œuvre donne à entendre qu’Hercule est glorifié, uni avec Hébé, l’éternelle jeunesse, l’Hercule Farnese [e], statue colossale de l’Athénien Glykon (au Musée de Naples, Galleria lapidaria), a une tout autre signification. Ici le héros est encore au temps de ses luttes et de ses voyages ; il se repose un instant, après avoir ravi les pommes des Hespérides. (Elles sont restaurées, ainsi que la main droite, mais avec habileté.) Dans la musculature vraiment puissante, la structure énorme des bras et des épaules surtout, on voit encore le dernier effort, et le repos est exprimé d’une manière d’autant plus frappante par la pose du bras gauche sur la massue et la saillie de la hanche droite, comme par l’inclinaison de la tête et la ligne exactement horizontale des épaules, tandis que la pose et la forme des jambes donnent au corps une légèreté de cerf. La tête est en grande partie restaurée, et le travail n’est pas comparable à celui du torse ; on doit le considérer comme une imitation généralement maniérée d’un original de l’école de Lysippe. Il nous reste de la tête une réplique bien plus noble et mieux proportionnée

La statue colossale, en bronze doré [f], découverte en 1864 dans les fouilles du palais Righetti, près du théâtre de Pompée (Vatican, Sala rotonda), est de formes beaucoup plus simples et de conception bien plus sobre ; la tête, singulièrement petite, semble un peu écrasée.

Des œuvres sans nombre et généralement plus modernes représentent le héros et sa légende ; il se rencontre aussi fréquemment sous forme de statuette en bronze (Uffizi, 2e salle des Bronzes, vitrine 3 [g]). Dans la Sala degli animali du Vatican on voit quatre des travaux du héros

  1. On suppose qu’Hercule lève les yeux vers une Hébé qui aurait été à sa gauche, récemment on a pensé que la statue était isolée (epitrapezios) et que le dieu tenait une massue et nue coupe.