Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

belle rangée de perles ou de petites feuilles ; c’est comme une dernière floraison de tout l’ouvrage.

On voit en grand nombre, surtout dans la première salle, les lampes qui devaient être ou portées à la main, ou placées sur des supports, ou suspendues à des chaînettes. Celles mêmes qui sont toutes simples et sans ornements ont la plus jolie forme qu’on puisse imaginer par rapport à leur usage : un réservoir pour l’huile et une ouverture pour la mèche, avec une poignée pour présenter la lampe. Celui qui voudrait se convaincre de leur élégance n’a qu’à essayer lui-même d’inventer un objet qui réunisse ces trois éléments. Le plus souvent, la poignée au moins était un ornement en forme de serpent, de tête d’animal, de palmettes avec des pampres, etc. Puis vinrent des ornements en relief et des figurines en pied se dressant sur le couvercle du réservoir d’huile. Quelquefois plusieurs lampes sont suspendues ensemble aux rameaux d’une plante, d’un arbre, et aussi à de riches ornements qui sortent d’un petit pilier dont la base est d’une belle forme architecturale.

Une grande lampe de bronze de l’époque chrétienne [a], mais encore romaine, conservée aux Uffizi, vitrine 14, montre comment cette forme devint raide dans la suite ; cette lampe figure un vaisseau.

Quant aux supports de lampe, les plus petits avaient, comme on verra, la forme de jolis petits trépieds, de petits arbres, de doubles calices souples, regardant en haut et en bas. Le plus haut de ces supports est le candélabre de bronze, qui est représenté ici par un grand nombre de types depuis le plus simple jusqu’au plus riche. Leur tige, s’élevant presque toujours sur trois pieds d’animaux ornés de feuillage, est tantôt plus architecturale, une colonne mince et cannelée, tantôt elle a l’apparence d’une plante, d’un roseau. En haut, elle se transforme en trois branches ou en un calice plus ou moins riche, dont l’évasement portait, la lampe. En somme, on ne peut guère imaginer un ustensile de ménage pls gracieux dans sa simplicité. Les figures, comme supports de lampe, ne manquent pas non plus ; c’est, par exemple, un Harpocrate qui, de sa main droite, tenait un lotos supportant la lampe ; ou un charmant Silène avec une outre, et derrière lui un petit arbre où deux lampes, étaient suspendues ; un Amour sur un dauphin dont la queue soutenait la lampe, etc. (Un pied de candélabre aux Uffizi [b], vitrine 10, consiste en trois lynx qui sautent ensemble, avec des masques entre eux.)

Las pieds de ces ustensiles sont des pieds d’animaux idéalisés sans rien perdre de leur force, et cependant légers suivant la matière ; ils unissent les griffes du lion à la forme déliée du pied de chevreuil. Comme preuve de la liberté avec laquelle les anciens traitaient ce genre, la deuxième salle nous montre un superbe autel [c] dont les trois pieds, des pieds d’animaux reposant sur une base, soutiennent un pareil nombre de sphinx derrière lesquels s’élèvent des tiges de fleurs qui supportent le plateau circulaire avec têtes de taureaux et guirlandes en ma-