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qu’il en animât la beauté, qu’il en admirât la grandeur. Il ne l’a pas condamné à vivre à la même place, il n’a pas enchaîné son action et sa volonté, mais il lui a donné la liberté d’aller, de venir, d’agir à son gré. « Je tai placé au milieu du monde », dit le Créateur à Adam, « afin que tu puisses plus facilement promener tes regards autour de toi et mieux voir ce qu’il renferme En faisant de toi un être qui n’est ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, j’ai voulu te donner le pouvoir de te former et de te vaincre toi-même ; tu peux descendre jusqu’au niveau de la bête et tu peux t’élever jusqu’à devenir un être divin. En venant au monde, les animaux ont tout ce qu’ils doivent avoir, mais les esprits d’un ordre supérieur sont dès le principe, ou du moins bientôt après leur formation[1], ce qu’ils doivent être et rester dans l’éternité. Toi seul tu peux grandir et te développer comme tu le veux, tu as en toi les germes de la vie sous toutes les formes. »

  1. Allusion à la chute de Lucifer et de ses partisans.